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Dimanche dernier 5 juin, était l’occasion pour certains d’une sortie gourmande et sportive. Pour ma part, j’ai décidé de commencer cette journée en douceur en prenant la direction d’Eguisheim, parapluie, gilet (précautions superflues) et petit carnet… me voilà prête pour les portes ouvertes du Domaine Emile Beyer. 

Valérie, Christian et leur équipe recevaient dans le cadre d’une journée portes ouvertes leurs clients particuliers. Rendez-vous au Domaine entre 10h et 17h, dans le caveau historique, qui se trouve sous la boutique actuelle, dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Les invités du jour avaient la possibilité de déguster la gamme Tradition d’une part, les Lieu-dit et Grand Cru d’autre part, et enfin les Crémants et Vendanges Tardives. 

Après avoir éveillé mes papilles avec un Pinot Blanc et un Pinot Gris Tradition, du millésime 2021, j’ai continué sur les autres cépages mais avec du 2019. Le millésime 2021 fut compliqué, il n’y aura donc pas beaucoup de vin de la gamme Tradition dans ce millésime. Vers 11h, c’est le moment de prendre la direction du Clos Lucas Beyer, certains ont pu profiter de l’ambiance des vendanges, avec un tour en camionnette. Pour ma part, j’ai eu la chance de monter en Jeep vintage (merci Hélène pour ce moment de partage). 

L’objectif de cette sortie était pour Christian de nous présenter un de ses murs en pierres sèches. Le domaine a déjà reconstruit un peu moins de 400m linéaire de mur, et a pour objectif d’en faire 150m supplémentaires cet été. Les murs font 1m de largeur et sont en calcaire ou en grès. La construction des murs est un savant mélange avec des pierres dites “semelles“ en bas, des pierres de façade et des pierres “socle“ sur le dessus, enfin ça c’est pour la partie visible ! En effet Il faut remplir en mode Tetris l’intérieur du mur avec des plus petites pierres et moins belles, sachant que le mur est fait de 30% de vide. Christian n’a pas été seul face à ce mur, il a été aidé par un muraillé (nom donné aux professionnels de la construction des murs, il en resterait une vingtaine en France), mais aussi d’une dizaine de personnes. Ce fut un chantier collaboratif avec des membres des équipes du domaine mais également des bénévoles venus apprendre la technique de construction. Le Domaine Emile Beyer n’est pas le seul à se lancer dans cette aventure. Le Domaine Schlumberger à Guebwiller a pour sa part 3 muraillés à demeure, la légende voudrait que les murs du Domaine Schlumberger contiennent autant de pierre que la Cathédrale de Strasbourg.  

Quand l’on parle de Vin d’Alsace, on parle également de terroir, c’est-à-dire une symbiose entre la vigne, le climat, la terre et le vigneron. Ces murs de pierres sèches font pleinement partie des paramètres du terroir. En effet, en plus de leur aspect esthétique, ils ont le pouvoir de laisser passer l’eau, l’eau s’infiltre doucement à travers les méandres des pierres, pour s’infiltrer plus facilement dans le sol. Le soir les murs rétribuent la chaleur emmagasinée durant la journée, mais ils sont également un atout pour la faune, qui y passe l’hiver au chaud et l’été au frais. 

Le projet de mur est complété avec celui de “haies vives“ afin d’apporter plus de biodiversité dans le vignoble. 

Après cette belle découverte, également complétée par des explications sur le travail de la vigne et les méthodes du domaine (biodynamie), retour au caveau pour la suite de la dégustation. Notre balade devait être sous la bienveillance de Saint Léon, malgré le ciel couvert aucune goutte n’est tombée, et le petit vent était le bienvenu, pour ne pas « cuire » sur ce coteau exposé au sud.

De retour au domaine, direction la table des Lieu-Dit et Grand Cru, à la découverte du Lieu-Dit Saint Jacques, que nous avons pu observer lors de notre visite, ainsi que le Lieu-Dit Hohrain et Sundel. Du coté des Grands Crus, ce sera Eichberg et Pfersigberg. Si cette année, nous avons gouté au Pinot-Noir Lieu-Dit Sundel, je peux déjà vous dévoiler, que d’ici 10 ans, vous pourrez déguster du Pinot-Noir Lieu-Dit Hohrain. Il faudra un peu de patience, mais comme le dit Christian: « nous plantons les vignes pour deux générations ».

Même si cette année 2022 a 3 semaines d’avance, avec un printemps chaud et une floraison très précoce, il faut à la vigne du temps pour grandir, se développer et s’exprimer à travers le raisin qu’elle produit.