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DEGUSTATION DES VINS DU DOMAINE P.H. GINGLINGER AU RESTAURANT « LE PURGATOIRE » A STRASBOURG

Même si j’ai souvent croisé Mathieu Ginglinger lors de mes escapades viniques du côté d’Eguisheim – à la fête des vignerons ou à l’occasion de mon travail sur les pinots noirs – mais cela faisait longtemps que je n’avais plu eu l’occasion de faire une dégustation complète de l’ensemble de sa gamme de vins.

Autant dire que l’organisation de cette dégustation dans un restaurant de Strasbourg – à deux coups de pédale de mon domicile – tombait vraiment bien pour combler cette lacune.

Hoppla, c’est parti !

Le « Purgatoire » des strasbourgeois…un endroit idéal pour expier ses péchés ! Et l’entrée du bar à vins investi par le domaine Ginglinger.

Cavistes sommeliers et amateurs sont au rendez-vous, les outils pour travailler efficacement sont prêts…

…ainsi qu’une très longue rangée de bouteilles du domaine P.H. Ginglinger

Même si la prise de notes détaillée va être très difficile dans cette ambiance « bar à vin », je vais quand même essayer de déguster un maximum de vins sur cette belle série proposée par Mathieu Ginglinger…et relever quelques impressions et sensations pour les partager avec vous.

  • Alsace Edelzwicker : un assemblage alsacien tout en finesse, en suavité et en gouleyance.
  • Alsace Sylvaner 2020 : un vin vif, léger avec une présence saline bien salivante en finale
  • Alsace Pinot Blanc 2022 : un nez discret, une bouche ample avec un joli gras et une finale très sapide
  • Alsace Muscat 2022 : une aromatique séduisante, une structure longiligne et une délicate amertume en finale..

Ces quatre cuvées d’entrée de gamme travaillées avec une belle précision, nous proposent des expressions variétales très pures avec des styles bien identifiés et des jus d’une parfaite buvabilité.

  • Crémant d’Alsace Brut : un nez flatteur sur les fruits blancs frais et une bouche très digeste stimulée par une mousse bien crémeuse. (assemblage de 40% de riesling, 25% d’auxerrois, 25% de pinot gris et de 10% de pinot noir – millésime 2020 – 2 ans sur lattes)
  • Crémant d’Alsace Point G : un nez complexe et raffiné avec des notes de fruits jaunes et de brioche à la vanille sur un fond boisé noble soutenu par de fines nuances oxydatives, une bouche vineuse avec une mousse onctueuse et une finale très sapide grâce à une très belle présence saline. (assemblage de 40% de riesling, 25% d’auxerrois, 25% de pinot gris et de 10% de pinot noir – 100% jus de cuvée – millésimes 2013, 2014 et 2015 – tirage en 2016 et dégorgement en 2022)

Les deux crémants présentés ce jour par Mathieu affirment des personnalités très différentes avec une cuvée brut fraîche et gourmande et une cuvée issue d’une solera commencée en 2013, remarquable de profondeur et de classe. MIAM !

Rheum : une aromatique intense et flatteuse, une belle suavité en bouche, une acidité très vive soutenue par un  perlant délicat, une finale glissante et salivante.

Cette friandise pétillante réalisée à partir de jus de rhubarbe des Vosges nous offre une petite caresse papillaire tout à fait réjouissante…une alternative originale aux crémants traditionnels.

  • Alsace Riesling 2020 : un nez fumé, zesté et pierreux, une bouche suave à l’attaque et au centre mais qui se tend en finale pour laisser une belle impression de fraîcheur.
  • Alsace Grand Cru Riesling Hengst 2021 : une aromatique très discrète, un jus puissant et tendu en bouche et une finale très saline.
  • Alsace Grand Cru Riesling Hengst 2020 : un nez plus ouvert avec une belle complexité, une bouche ample et tonique avec un petit grain tannique qui donne du relief à la finale.
  • Alsace Grand Cru Riesling Ollwiller 2020 : un nez complexe, une bouche souple et digeste avec de beaux amers nobles en finale.
  • Alsace Grand Cru Riesling Ollwiller 2019 : un nez plus ouvert sur les agrumes mûrs, une bouche généreuse et bien saline, une finale longue avec une belle persistance sur le pamplemousse.
  • Alsace Grand Cru Riesling Ollwiller 2017 (en magnum) : un nez ouvert et complexe avec des notes d’agrumes frais et d’herbes aromatiques, une bouche généreuse mais solidement structurée, une finale très tonique avec un beau sillage citronné et minéral.
  • Alsace Grand Cru Riesling Ollwiller 2011 : un nez riche et expressif, une bouche suave et gourmande, une finale légère et gouleyante.
  • Alsace Grand Cru Riesling Eichberg 2020 : un nez pur mais encore un peu sur la retenue, une bouche élégante avec un équilibre précis et une finale bien saline.
  • Alsace Grand Cru Riesling Eichberg 2019 : un nez plus ouvert sur les agrumes frais et la pierre, une bouche riche et puissante, une finale longue et digeste.
  • Alsace Grand Cru Riesling Eichberg 2016 : un nez assez discret avec des notes fruitées et minérales, une bouche solidement construite avec un jus consistant tenu par une charpente acide très vive, une finale saline avec un sillage sur le citron et la pierre à fusil.
  • Alsace Grand Cru Riesling Eichberg 2008 : un nez « sérieux » avec une palette minérale complexe, une bouche puissante appuyée sur une base acide très large, une finale longue, tonique et bien salivante.

En présentant  une cuvée « générique » et pas moins de dix cuvées de Grand Cru, Mathieu Ginglinger nous invite à vérifier une fois de plus que le riesling est vraiment un interprète hors pair de nos beaux terroirs alsaciens : à côté des Hengst encore un peu sur la retenue mais très prometteurs, on se régale avec des Ollwiller qui jouent les séducteurs et des superbes Eichberg qui gagnent en plénitude avec l’âge.

  • Alsace Pinot Noir 2022 : un fruité profond, une matière gourmande avec des tanins fondus et une parfaite gouleyance en finale.
  • Alsace Pinot Noir 2001 : un nez évolué mai agréable, une bouche longiforme avec un équilibre droit et une finale fraîche et sapide.
  • Alsace Pinot Noir Rubis 2020 : un nez complexe et charmeur sur les petits fruits rouges mûrs soutenus par un boisé délicat, un jus riche et bien construit en bouche, une finale longue et sapide.
  • Alsace Pinot Noir Rubis 2011 : nez fruité mûr et expressif, une bouche assez souple mais avec une belle profondeur et une vinosité affirmée, la finale est étirée et très digeste.

Dès ma première rencontre avec Mathieu Ginglinger, j’ai été impressionné par la qualité de ses cuvées de pinot noir, une qualité confirmée aussi bien par ma visite thématique du printemps 2021 que par la dégustation de ce soir.

Voilà des bouteilles qu’il faut servir à tous ceux qui pensent encore qu’on ne trouve pas de grands vins rouges en Alsace

  • Alsace Pinot Gris Sec 2021 : un nez raffiné et très séduisant avec une palette fruitée et florale complexe, une bouche bien gouleyante avec un joli gras et un équilibre sec, une finale légère et bien « glissante ».
  • Alsace Pinot Gris Demi-Sec 2021 : expression aromatique proche de celle de la version sèche de cette cuvée, un bouche très suave avec un centre assez riche et une finale très digeste.
  • Alsace Grand Cru Pinot Gris Ollwiller 2016 : un nez complexe avec des notes de fruits blancs et jaunes sur un fond légèrement fumé, une bouche caressante avec un jus généreux stimulé par une salinité bien sensible.
  • Alsace Grand Cru Pinot Gris Pfersigberg 2008 : un nez très séduisant avec des notes de fleurs blanches et d’amande grillée, une bouche riche mais d’une parfaite digestibilité, une finale longue relevée par une présence minérale bien salivante.

J’aime beaucoup le style des pinots gris élaborés par Mathieu : la richesse naturelle du cépage n’est pas gommée mais chaque cuvée garde un équilibre toujours très digeste…surtout lorsqu’on leur laisse un peu de temps pour s’affiner en cave comme nous le montrent ce 2016 très prometteur et ce 2008 en pleine forme et d’une parfaite buvabilité. MIAM !

  • Alsace Ambre 2021 : un nez complexe et raffiné, une bouche ample et gourmande avec un joli gras équilibré par une acidité fondue et un léger grip tannique, finale très sapide avec un sillage boisé noble.
  • Alsace Ambre 2008 : un nez plus évolué avec des notes de beurre et de fruits blancs mûrs sur un fond légèrement oxydatif, une bouche assez légère avec une belle présence saline, une finale acidulée où on retrouve les petites touches oxydatives perçues au nez.
  • Alsace Ambre 2017 (en magnum) : un nez très complexe avec des notes de fruits blancs frais et d’herbes aromatiques sur un fond fumé/boisé délicat, une bouche consistante et bien tonique, une finale fraîche avec un long sillage sur le citron et la pierre à fusil.

Ambre est une cuvée d’assemblage (50% pinot gris + 50% pinot auxerrois) vinifiée et élevée en demi-muids, qui révèle un style « bourguignon » revendiqué par l’auteur tout en développant une matière très élégante avec un très beau profil gastronomique.

  • Alsace Grand Cru Pinot Gris Pfersigberg 2004 : un nez charmeur avec des notes de fruits jaunes, de melon et de sous-bois, une bouche pleine et suave avec un joli gras, une finale droite et sapide.

Millésime compliqué s’il en est, 2004 a pourtant produit quelques pépites viniques – surtout du côté de l’Alsace d’ailleurs – comme ce pinot gris magnifique de finesse et de complexité.

Un pinot gris 2004 étonnant de jeunesse

  • Alsace Oll’Nature 2018 : un nez complexe avec une palette fruitée et balsamique, une bouche juteuse et tonique avec une présence saline sensible, une finale vive et délicatement épicée.

La première cuvée « nature » de Mathieu Ginglinger est réalisée à partir des premiers jus de presse de rieslings et de pinots gris (à parts égales), élevés en barriques…un coup d’essai très prometteur !

  • Alsace Grand Cru Pinot Gris Hengst 2020 : un nez expressif avec des notes de fruits blancs mûrs sur un fond fumé délicat, une bouche puissante avec un équilibre demi-sec, une finale intense avec une présence saline marquée et une longue persistance fumée/épicée.

Cette cuvée de pinot gris pleine de fougue porte la marque du Hengst et aura besoin d’un peu de repos en cave pour se poser et s’harmoniser…mais pourra aussi être servie dès aujourd’hui pour satisfaire les amateurs d’émotions fortes.

  • Alsace Gewurztraminer 2021 : un nez très subtil avec de belles fragrances florales, une bouche fraîche et suave, une finale légère et salivante avec un long retour épicé.
  • Alsace Gewurztraminer Saint Léon 2019 : un nez mûr et loquace avec une palette exotique et épicée, une bouche souple et gourmande, une finale bien gouleyante…ça glisse tout seul !
  • Alsace Grand Cru Gewurztraminer Pfersigberg 2018 : un nez assez discret mais toujours très complexe, une bouche ample et riche structurée par une acidité large et fondue, une finale longue et épicée.

Ces trois vins pleins de charme, complexes à souhait et d’une parfaite gouleyance, prouvent que la réputation du vignoble d’Eguisheim pour la qualité de ses cuvées de gewurztraminer est toujours d’actualité.

On avance dans la soirée et Mathieu Ginglinger fait le tour des différentes tables pour présenter ses vins.

  • Alsace Grand Cru Gewurztraminer Pfersigberg 2001 : un nez riche et d’une incroyable complexité avec des notes de rose, de fruits jaunes mûrs, d’épices douces et de réglisse, une bouche très suave avec un équilibre moelleux, une finale souple et digeste avec un long sillage épicé/réglissé.
  • Alsace Grand Cru Gewurztraminer Pfersigberg 1999 : une expression olfactive moins intense mais également très complexe, une bouche souple et bien fraîche, une finale très sapide avec de beaux amers minéraux.

Nous terminons cette longue dégustation avec deux flacons sortis de l’œnothèque du domaine, des vins qui portent vaillamment leurs deux décennies bien frappées en nous rappelant que les gewurztraminers alsaciens sont de très grands vins de garde.

La robe lumineuse et dorée du gewurztraminer 1999

La soirée se termine par un petit dîner convivial préparé par l’équipe du « Purgatoire » et accompagné par quelques pépites viniques sorties de la réserve du domaine Ginglinger, comme ce superbe pinot gris de 2009.

Lorsque Mathieu Ginglinger décide d’organiser un évènement autour de ses vins, le résultat est toujours spectaculaire…et ce n’est pas cette soirée au « Purgatoire » qui va déroger à la tradition.

L’impressionnante gamme de vins proposée à la dégustation permettait de nous faire une idée très précise de la qualité des bouteilles en vente actuellement et les beaux flacons tirés de l’œnothèque du domaine nous ont offert un beau récital gustatif en nous rassurant sur le potentiel de garde des grands vins de terroir produits par ce vigneron d’Eguisheim.

J’ai beaucoup apprécié la franchise et l’accessibilité des cuvées d’entrée de gamme…pour moi, ça restera toujours un gage de sérieux et la garantie d’un travail de qualité sur toute la production d’un domaine.

En ce qui concerne les rieslings, j’ai une nette préférence pour les cuvées de l’Eichberg même si je suis de très prés l’évolution qualitative des cuvées de l’Ollwiller, de plus en plus convaincantes.

En ce qui concerne les cuvées du Hengst, j’avoue être un peu passé à côté…mais bon, c’est le « petit nouveau » de la cave, laissons lui le temps de faire sa place.

Comme prévu, les cuvées de pinot noir se sont montrées très à leur avantage par contre j’ai été surpris par la belle tenue des cuvées de pinots gris : des vins élégants, complexes et parfaitement digestes avec comme point d’orgue un superbe Pfersigberg 2004…j’aime de plus en plus ce cépage !

Pour terminer, les cuvées de gewurztraminer ont été fidèle à leur réputation avec leurs expressions aromatiques raffinées et leurs présences en bouche tout en délicatesse.

Merci à Mathieu de m’avoir invité à partager ces moments de convivialité et de gourmandise dans ce « Purgatoire » qui, en cette belle journée de printemps, avait pris des faux airs de Paradis.

Qui dit mieux !

Article de Pierre Radmacher, vous pouvez le suivre sur son blog Vins, Vignobles et Vignerons

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