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Après le succès de la cuvée de pinot gris « Tulipe » 2017 dégustée lors de la session AOC d’octobre, quelques membres de notre club œnophile ont eu envie d’aller faire une petite escapade du côté de Molsheim pour rendre visite à Jérôme Neumeyer et découvrir sa façon de concevoir ses vins.

Je pense qu’il n’y a rien de mieux qu’une petite réunion gourmande autour d’une table garnie de jolis flacons pour terminer cette année et préparer les festivités à venir !

Hoppla c’est parti !

Le caveau du domaine Neumeyer…

…avec son bar lumineux.

Les bouteilles produites par le domaine sont présentées de façon originale sur un ensemble d’étagères en fer forgé.

Depuis la disparition de Gérard Neumeyer – le vigneron qui fût mon guide pour l’étude du Grand Cru Bruderthal – ce domaine de 16 hectares est géré par Jérôme Neumeyer et Marie Neumeyer-Tonner, qui représentent la quatrième génération de cette famille vigneronne établie à Molsheim depuis 1925.

Sur les coteaux marno-calcaires du Muschelkalk qui dominent Molsheim, les Neumeyer produisent une belle série de vins organisée en plusieurs gammes : une gamme « Alsace » qui met en valeur la pureté des cépages, une gamme « Terroirs » qui met en valeur des parcelles sur des lieux-dits qualitatifs du vignoble de Molsheim, de Mutzig et d’Avolsheim et une gamme « Grand Cru » avec les 4 cépages nobles issus du Bruderthal. Cette offre vinique est complétée par 2 cuvées de crémants, 3 vins liquoreux et quelques créations plus « fun » élaborées au gré des envies de Jérôme avec notamment des vins de macération

Allez, on goûte !

Notre petit groupe est bien installé autour de la table, la dégustation peut commencer

A vos marques, prêts…

…partez !

  • Sylvaner Générations 2019 : olfaction assez discrète avec de belles notes d’herbe sèche, de noisette et de craie humide, jus dense et sapide en bouche, finale appétante stimulée par un léger grip tannique. 

Provenant d’une vigne plantée en 1976 sur une parcelle très calcaire, ce sylvaner au caractère bien trempé m’a vraiment impressionné par sa belle complexité aromatique et par sa présence en bouche pleine d’énergie…ça commence fort !

  • Muscat Ottonel 2018 : nez expressif avec de belles notes de leur de sureau, bouche assez consistante, jus ample avec du gras, finale bien sapide avec un sillage sur les herbes à tisane.

Avec son aromatique florale très séduisante et sa présence voluptueuse et gouleyante en bouche, cette cuvée nous offre une interprétation classique d’un muscat ottonel alsacien.

  • Pinot Gris Berger-Schaefferstein 2019 : nez très discret avec des notes fruitées bien mûres sur un fond fumé délicat, bouche ample et concentrée avec une acidité large et une présence saline marquée, finale étirée et bien salivante.
  • Pinot Gris Hahnenberg 2017 : nez frais et complexe, bouche longiligne étiré par une ligne acide assez vive, texture légèrement grenue, finale très salivante
  • Pinot Gris Grand Cru Bruderthal 2018 : nez séduisant avec une palette très raffinée sur les fruits blancs frais, le cône de houblon et le bourgeon de sapin, jus dense et bien corsé en bouche avec une balance richesse/acidité à l’équilibre, finale tonique et légèrement tannique avec une longue persistance fruitée et épicée.

La dégustation de ces trois pinots gris nés sur des lieux-dits autour de Molsheim nous prouve que ce cépage peut également être un beau révélateur de terroir : à côté d’un Grand Cru qui assume pleinement son statut en développant une matière remarquable de complexité et de profondeur, la cuvée du Schaefferstein (terroir marneux très profond) séduit par sa belle générosité alors que la cuvée du Hahnenberg (terroir calcaire) est ciselée par une belle présence minérale.

  • Pinot Gris Grand Cru Bruderthal 2015 : nez mûr et charmeur, notes de fruits jaunes (abricot, mirabelle) et de fleur d’acacia sur un fond délicatement miellé, bouche très opulente, équilibre riche (20 g de SR), finale bien sapide avec une belle persistance fruitée et légèrement fumée.

Issu d’un millésime très solaire, ce pinot gris révèle la force du terroir du Bruderthal en développant un jus riche et concentré mais d’une parfaite digestibilité.

C’est un vin très complet qui pourra encore gagner en harmonie avec quelques années de plus en cave.

  • Riesling Pinsons-Finkenberg 2018 : nez frais et délicat, notes de citron et de craie, bouche svelte, équilibre bien droit et finale très aérienne.
  • Riesling Pinsons-Finkenberg 2019 : nez plus mûr sur les agrumes et l’amande grillée, bouche ample avec une acidité large et une texture légèrement grenue, finale très saline.
  • Riesling Grand Cru Bruderthal 2018 : nez très agréable avec une palette assez proche de celle de la cuvée Pinsons 2018 mais bouche bien plus puissante avec un jus concentré structuré par une acidité mûre et une présence saline intense, finale longue avec une présence minérale bien salivante.

Nés sur un coteau calcaire (calcaire du Muschelkalk) d’Avolsheim, les deux rieslings Finkenberg sont bien marqués par leur millésime avec un 2018 qui allie gourmandise et légèreté et un 2019 plus « sérieux » avec un supplément de densité et une structure plus solide.

Le Bruderthal 2018 dont l’expression aromatique se rapproche de celle de la cuvée du Finkenberg 2018, affirme la noblesse de son origine en développant une matière concentrée et remarquablement bien construite en bouche.

  • Muscat Grand Cru Bruderthal 2018 : nez intense et complexe avec une palette évolutive sur la rose, le romarin, l’eucalyptus et l’aspérule odorante, bouche puissante et gourmande stimulée par une légère présence tannique, finale salivante avec de beaux amers minéraux et un sillage aromatique sur le bois de réglisse.

Réalisé à partir d’un assemblage à parts égales de muscat ottonel et de muscat d’Alsace plantés dans la partie haute et dans la partie basse du Grand Cru, cette cuvée a été travaillée sans intrants et sans filtration après une phase de macération semi carbonique de 15 jours.

Avec son expression aromatique très épanouie et son jus très consistant en bouche, ce vin se goûte déjà très bien dès aujourd’hui mais je pense qu’il sera encore plus à son avantage après quelques années de garde.

  • Muscat Grand Cru Bruderthal 2014 : nez discret et assez atypique avec des arômes beurrés et briochés très délicats, bouche longiligne avec un joli gras et une présence acide bien sensible, finale longue et sapide.

Avec son expression subtile et raffinée, ce muscat patiné par le temps et bien marquée par son terroir possède un vrai caractère gastronomique…étonnant !

  • Gewurztraminer Taureau-Stierkopf 2020 : nez complexe et racé avec des notes de tabac blond sur un fond vanillé/épicé, bouche assez consistante avec un léger grip tannique, finale sapide avec une longue persistance réglissée et épicée.
  • Gewurztraminer Grand Cru Bruderthal 2018 : nez riche et charmeur sur les agrumes mûrs et le poivre blanc, bouche généreuse et bien gourmande équilibrée par une salinité sensible, finale digeste avec de beaux amers minéraux.

Issu d’un terroir marno-calcaro-gréseux le gewurztraminer du Stierkopf nous propose une version très raffinée et très gastronomique de ce cépage alors que la cuvée née sur le Grand Cru de Molsheim nous transporte dans cet univers d’opulence et de suavité qu’on aime retrouver lorsqu’on débouche un gewurztraminer alsacien.

  • Pinot Noir Berger-Schaefferstein 2020 : nez très engageant avec un fruité discret sur les petites baies noires et les épices douces, bouche ample et gourmande avec un centre d’une rondeur confortable, tanins bien souples, finale tonique avec une belle persistance aromatique sur le cuir et les épices.

Réalisée à partir d’une vendange égrappée à 100% ce pinot noir conçu pour flatter nos papilles a fait l’unanimité auprès de notre petit groupe de dégustateurs…mais je crains qu’à l’heure où je publie ces lignes cette cuvée n’est hélas plus disponible au domaine.

On a bien travaillé…non !

J’ai été ravi de retrouver ce joli caveau de Molsheim où j’ai passé quelques jolis instants de convivialité et d’échanges passionnés autour du vin en compagnie du regretté Gérard Neumeyer pour constater que Jérôme et sa sœur assurent la succession de ce grand vigneron avec beaucoup de compétence et d’enthousiasme…chapeau les jeunes !

L’offre vinique du domaine est conséquente mais son organisation en plusieurs gammes la rend parfaitement lisible et compréhensible.

Jérôme Neumeyer élabore des vins purs et ciselés en limitant les interventions œnologiques : « je fais des vins avec le moins d’intrants possible mais je refuse tout dogmatisme car mon but est d’arriver à élaborer un produit fini qui me plaît ».

Depuis plusieurs millésimes cette gamme traditionnelle s’est enrichie de quelques cuvées originales crées par Jérôme et regroupées dans la catégorie « Inédits » mais nous n’avons hélas pas eu le temps de goûter l’un ou l’autre de ces vins…il va falloir revenir à Molsheim très prochainement !

Dans cette belle dégustation qui nous a proposé une série de bouteilles d’une grande homogénéité qualitative, j’ai envie de mettre en lumière quelques vins qui m’ont particulièrement marqués ce jour comme le sylvaner 2019, remarquable de densité et de sapidité et le pinot gris Schaefferstein 2019, élégant et gastronomique sans oublier les cuvées issues du Grand Cru Bruderthal, des vins denses et charpentés portés par la force minérale de ce terroir.

Merci à Jérôme pour son accueil et bravo à la famille Neumeyer pour leur travail.

Article de Pierre Radmacher, vous pouvez le suivre sur son blog Vins, Vignobles et Vignerons

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