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Après avoir dégusté à l’aveugle un superbe crémant signé Mochel chez l’ami Stéphane il y a quelques jours, je me suis dit qu’il fallait absolument que je refasse une petite expédition vinique du côté de Traenheim pour retrouver Guillaume Mochel, un vigneron aussi discret que talentueux qui perpétue une longue tradition familiale en produisant des vins de haute tenue sur les beaux terroirs de la Couronne d’Or.
Ce n’est pas parce que notre Jupiter national a décidé de sectionner la laisse qui nous retenait tout près de notre domicile qu’il faut oublier qu’on peut trouver tout près de Strasbourg une série de vignerons qui travaillent remarquablement bien.

Hoppla, c’est parti !

Pour nous mettre en condition avant la dégustation, Guillaume nous propose de faire une petite visite des installations du domaine.

Le cuvage inox du domaine…

…avec des cuves de tailles différentes (10 à 40 hl) qui permettent une grande souplesse dans l’organisation des élevages.

La cave à foudre pour élever des volumes plus conséquents (40 à 70 hl)

Les barriques en bois de chêne et d’acacia pour le pinot noir.

Les unités de mise en bouteille et d’étiquetage du domaine Mochel

Nous terminons cette visite dans le nouveau bâtiment dédié exclusivement aux cuvées de crémants du domaine Mochel.

Les cuvées de crémant du domaine Mochel en phase d’affinage sur lattes

La gyro-palette pour le remuage des bouteilles…

…et le pupitre pour les magnums qui sont remués à la main.

Petit cours sur l’effet du remuage sur les lies par maître Guillaume

De retour au caveau, nous commençons la dégustation de quelques cuvées choisies dans la gamme du domaine Mochel qui compte plus de 30 références…au boulot !

Le caveau version moderne…

…et le caveau version traditionnelle…

…avec son indispensable « Stammtisch »

  • Crémant d’Alsace (2016 – dégorgé en 2020) : olfaction très élégante, sur la brioche et le citron mûr, bouche sèche et longiligne avec une mousse crémeuse, finale nette et sapide.

Réalisé à partir d’un assemblage de 80% de chardonnay et de 20% de pinot noir ce superbe crémant légèrement dosé (5 g/l) séduit par son aromatique raffinée et sa bulle dont la finesse fait penser à une belle cuvée de champagne.

Dégusté à l’aveugle chez l’ami Stéphane, il y a quelques semaines, cette bouteille m’a fait penser à un cru de la côte des blancs…MIAM !

  • Edelzwicker : aromatique très séduisante au nez, bouche très gourmande avec un centre légèrement moelleux, finale gouleyante rafraichie par une légère amertume.
  • Pinot Blanc Klevner 2018 : nez fruité très discret, matière longiligne et bien souple en bouche, équilibre sec, finale fraîche et salivante.

Voilà une petite mise en bouche fort agréable avec deux cuvées d’entrée de gamme faites pour accompagner des moments de plaisir et la convivialité. Le klevner 100% auxerrois est plutôt sec et pourra accompagner avec bonheur un beau plateau de charcuteries alsaciennes ou un poisson grillé alors que l’edelzwicker réalisé par un assemblage de 80% d’auxerrois et de 20% de gewurztraminer révèle un équilibre plus riche et sera parfaitement adapté pour arroser un apéritif…ou pour remplir des pichets dans une winstub locale.

  • Riesling 2019 : nez très vif, notes de zestes d’agrumes et de fleurs des prés, bouche juteuse et pleine d’énergie, équilibre tendu, finale fraîche et sapide.
  • Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten-Cuvée Henriette 2019 : nez marqué par une légère réduction à l’ouverture, belles notes exotiques après aération (carambole, ananas frais), bouche très puissante, jus ample et consistant tenu par une acidité vive et large, finale longue et salivante avec un beau sillage sur le pamplemousse et les épices.
  • Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten-Cuvée Henriette 2020 : nez séduisant avec une palette florale et fruitée très élégante, matière longiforme mais avec une belle densité, salinité et minéralité intenses en finale (vin tiré sur cuve).
  • Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten-Cuvée Henriette 2017 : nez ouvert et très complexe, notes d’agrumes et de zestes sur un fond balsamique/terpénique bien marqué, jus pur et concentré tenu par une acidité très large, finale bien salivante avec un long sillage sur le citron vert et les épices.

Chez les Mochel, tous les rieslings proviennent du Grand Cru Altenberg de Bergbieten, la cuvée générique est réalisée à partir des jeunes parcelles (entre 10 et 30 ans) alors que la fameuse « Cuvée Henriette » naît sur une vieille vigne plantée dans les années 50.

Ce sont des rieslings droits et tendus avec des acidités ciselées et des présences salines toujours bien marquées. Avec une cuvée générique qui est une petite friandise pleine de vivacité et de gourmandise et la cuvée « Henriette » 2017 qui commence à dévoiler son caractère de grand vin de terroir, le tarif actuel du domaine Mochel nous propose deux versions hautement recommandables de ce cépage.

En ce qui concerne les vins qui attendent encore dans la cave du domaine, il y a la cuvée « Henriette » 2019 qui s’exprime avec une certaine virulence aujourd’hui et qui aura besoin de temps pour domestiquer son caractère un peu « extrême » et la cuvée « Henriette » 2020 qui termine son élevage sur lies en révélant d’ores et déjà une classe incroyable…voilà deux bouteilles qui vont certainement faire parler d’elles dans les prochains temps !

  • Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten 2014 : nez séduisant avec de belles notes florales et miellées, bouche très élégante avec un milieu suave où on reconnait de beaux arômes d’orange amère, finale bien tendue avec un long retour floral et fruité.
  • Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten-Cuvée Henriette 2010 : nez fin et racé, palette citronnée et profondément minérale, bouche ample et puissante, équilibre sec, finale étirée avec une acidité persistante et des amers nobles.

Les deux rieslings Grand Cru sortis de la réserve du domaine semblent en très grande forme actuellement et se goûtent remarquablement bien avec un 2014 d’une élégance remarquable et un 2010 débordant d’énergie…voilà deux vins qui semblent avoir atteint leur plateau de maturité optimale et qui ont le potentiel pour y rester quelques années. Double MIAM ! 

  • Muscat 2019 : nez expressif et intense sur la fleur de sureau, bouche riche et très suave, finale étirée et rafraîchie par une délicate amertume.
  • Muscat Grand Cru Altenberg de Bergbieten 2018 : nez floral très séduisant sur la rose et le muguet, bouche dense et très suave, finale minérale et salivante
  • Muscat Grand Cru Altenberg de Bergbieten 2017 : nez discret sur la fleur de sureau et le raisin mûr, bouche assez opulente avec un jus fruité très riche, finale très digeste avec une belle persistance aromatique.

Réalisée à 100% avec des muscats ottonel, les cuvées de muscat du domaine Mochel, jouent la carte de la séduction avec des palettes aromatiques florales très raffinées et des équilibres très confortables en bouche.

Les deux Grands Cru qui sont de vraies pépites de finesse et de gourmandise, nous feraient presque regretter qu’on ne trouve pas plus de muscats sur les terroirs classés alsaciens.

  • Alsace Traenheim 2015 : nez discret et raffiné, bouche élégante avec un bel équilibre entre gras et tension acide, salinité marquée et finale délicatement boisée.
  • Alsace Trovium 2017 : nez discret, palette fraîche et bien complexe, bouche concentrée et solidement construite, finale marquée par une belle présence minérale.

Ces 2 cuvées  son réalisées à partir d’un assemblage de pinots blancs et de pinots gris – 70% pinot blanc + 30% de pinot gris pour Traenheim 2015 et 50 pinot blanc + 50 pinot gris pour Trovium 17 – travaillés en barriques « à la bourguignonne ».

Ce sont des vins qui affirment une personnalité assez éloignée des canons esthétiques alsaciens mais dont on sent aisément le potentiel gastronomique et la capacité de bien se tenir dans le temps.

  • Pinot Noir 2017 : nez ouvert et engageant avec de belles notes de cerise sur un fond légèrement fumé, bouche très gouleyante avec un jus concentré équilibré par une acidité bien présente, tanins fondus, finale fraîche et glissante.
  • Pinot Noir Réserve 2017 : nez expressif et très charmeur sur les fruits rouges frais, bouche gourmande avec un jus consistant qui enrobe une acidité puissante et une trame tannique très fine, finale sapide avec une belle persistance aromatique sur la violette et le boisé noble.
  • Pinot Noir Réserve 2019 : nez assez discret, matière bien consistante en bouche, équilibre frais et texture onctueuse, finale nette et bien tonique.

Ces deux cuvées de rouge d’Alsace, sont issues de parcelles de pinots noirs situées sur le ban viticole de Traenheim. Les plus belles parcelles, taillées très court pour limiter le rendement, vont fournir les raisins pour la cuvée « Réserve ».

Les deux vins de 2017 nous régalent par leur belle spontanéité gourmande et leur équilibre très abouti en bouche alors que la cuvée Réserve 19 qui a été mise en bouteille récemment, semble promise à un très bel avenir.

Comme beaucoup de vignerons alsaciens – notamment ceux d’Eguisheim que j’ai rencontré il y a peu – Guillaume Mochel a décidé de tout mettre en œuvre pour produire des vins rouges de haut niveau…et si on se réfère à la belle note que la RVF a attribuée à sa cuvée « Réserve 2020 (un joli 93/100 !) on peut penser qu’il a réussi ! 

  • Gewurztraminer Grand Cru Altenberg de Bergbieten 2017 : nez fin et délicat, palette florale et exotique relevée par une touche épicée assez discrète, jus concentré équilibré par une acidité bien marquée, finale fraîche et sapide avec des amers nobles et salivants et un long sillage aromatique sur les épices douces et le litchi.

Avec son aromatique très raffinée et son jus gourmand et sapide, ce gewurztraminer nous livre une interprétation toute en finesse et en délicatesse de ce cépage.

Comme tous les grands vins de terroir, il pourra évoluer favorablement durant quelques années en cave…encore faut-il qu’on lui en laisse le temps ! MIAM !

On a bien travaillé…non !

La petite gourmandise offerte pour nous faire patienter pendant la préparation des commandes : un riesling « Léo » 2015, un moelleux d’une grande délicatesse.

En digne héritier d’une grande famille vigneronne de la Couronne d’Or, Guillaume perpétue la tradition d’excellence du domaine Mochel en produisant une gamme de vins de haute tenue grâce à une viticulture respectueuse de l’environnement (le millésime 2021 sera labellisé BIO) et un travail précis et rigoureux en cave.

Après la rénovation de ses installations professionnelles et la création d’une grande cave dédiée exclusivement à l’élaboration des crémants, ce vigneron dispose aujourd’hui d’espaces de travail fonctionnels qui associent tradition et modernité avec une vraie cohérence.

Pour ce qui est des vins, la série de blancs reste fidèle au style fin et épuré qui a fait la réputation des bouteilles signées Mochel, le crémant très « champenois » est une bulle alsacienne qui pourra rivaliser sans peine avec des crus de la Côte des Blancs et les cuvées d’assemblage travaillés à la « bourguignonne » sont de grands vins de gastronomie. 

Pour terminer, il faut également relever, l’excellent niveau des deux pinots noirs qui s’inscrivent parfaitement dans ce mouvement qui anime le vignoble alsacien en poussant les vignerons à rechercher la production de grands vins rouges.

Avec une grande partie de sa production vendue au caveau, le domaine Mochel est depuis longtemps une adresse vraiment incontournable dans le vignoble de la Couronne d’Or…et si en plus de ça je vous dis que les prix de ces petites pépites viniques sont restés très sages, vous n’avez plus aucun raison d’hésiter pour aller faire une petite visite du côté de Traenheim.

Le Domaine Frédéric Mochel

Concernant le Domaine Frédéric Mochel

Article de Pierre Radmacher, vous pouvez le suivre sur le site Vins, Vignobles et Vignerons

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