A Ammerschwihr on ne monte pas les marches mais on les descend vers l’enfer, en faisant bien attention car ces marches plus que centenaire (17ème siècle) ne sont plus très plates.
Comme à Cannes la descente des marches est un rendez-vous annuel et traditionnel car toujours à la même date, le premier week-end de juillet. Cette année l’aménagement de la cave pour l’accueil du public a été revu, moins scolaire et protocolaire.
La séance débute par l’extinction des lumières suivie de la présentation des membres de la confrérie des amis d’ammerschwihr et du Kaefferkopf qui défilent dans cette descente infernale.
Trêve de plaisanteries. Au vu de la chaleur extérieure la fraîcheur du lieu est plus qu’appréciable, à cela s’ajoute la dégustation de breuvages frais tant par leur température que par leur structure acide.
Cette année, 10 vins issus de millésimes en 8, de 9 maisons différentes ont été débouchés.
Les marqueurs de 1988 et 2008 sont la chaleur, l’alcool et la richesse.
Ainsi pour le millésime 2008 le Riesling Kaefferkopf du domaine JB Adam malgré une structure acide présente une pointe de sucre; le Pinot Gris Kaefferkopf de chez Léon Heitzmann qui était dans sa troisième année de conversion bio a un nez de miel, une bouche riche au final poivrée; le Kaefferkopf (seul assemblage autorisé en Grand Cru avec au moins 60% de Gewurztraminer, 30% de Riesling, 10% Pinot Gris et/ou Muscat ) du domaine Thomas André et Fils développe des arômes de fumé et mentholé avec une bouche poivrée, chaude (dû à l’alcool très présent) et souple en attaque et le Gewurztraminer Kaefferkopf de chez Marcel Freyburger issu de vignes âgées de 6 ans à l’époque a un nez fermé aux notes de miel et de figue, l’attaque en bouche est souple, c’est un vin riche qui mérite qu’on attende pour le déguster.
Les flacons de Kaefferkopf du millésime 1988 présentent des similitudes avec ceux de 2008 en plus fatigués pour certains. Le Kaefferkopf des Caves J-B Adam a un nez mentholé, d’herbe sèche et de noix, une bouche souple en attaque, alcooleuse, épicée aux notes de gingembre, rose et violette.
Et comme dans toute dégustation il faut un vin pour démentir tout ce qu’on vient de dire sur le millésime, le Gewurztraminer Kaefferkopf 1988 de Grosdemange Jean ( ancien vigneron à Katzenthal) est fermé au nez, avec des arômes de menthe sèche, le palais est surprenant par sa belle acidité et sa finale sur une amertume agréable.
1998 la France est championne du monde de foot. Pour la viticulture c’est une année froide avec une forte pression de la pourriture grise et une production très disparate qualitativement. Le Riesling Kaefferkopf du domaine Meyer Théodore et Fils est un vin de gastronomie au nez fermé, timide, aux arômes mentholés et d’herbes sèches et une structure acide et saline en bouche. Le Kaefferkopf de Maurice Schoech et Fils a un nez fumé, beurré avec des notes mentholées, l’attaque en bouche est souple, la finale poivrée, c’est un vin léger dans la structure. Le Gewurztraminer Kaefferkopf de la cave de Kientzheim (qui a été reprise par Bestheim) est un vin fatigué au nez et la bouche manque de fraîcheur avec une amertume trop marquée.
Qu’est-ce qui fait revenir le public chaque année à la dégustation des vins de l’oenothèque des Amis d’Ammerschwihr et du Kaefferkopf?
Et bien chaque année on découvre de nouveaux millésimes, de nouvelles maisons car la seule règle que s’impose la confrérie est de ne pas sortir les mêmes maisons d’une année à l’autre. Le Grand Cru Kaefferkopf de 71 hectares se situe à 100% sur le banc d’Ammerschwihr et les vignerons qui produisent ce Grand Cru sont répartis sur 15 communes.
Assouvissez votre curiosité, allez découvrir la cave de l’Enfer et testez la descente de marches centenaires pour déguster les breuvages du Kaefferkopf.
La Confrérie des Amis d’Ammerschwihr et du Kaefferkopf