Toute une histoire.
C’est en 1748 que Jean-Georges Lorentz, vigneron et maréchal ferrant, s’installe à Bergheim suite à son mariage. Avant, la famille vivait à Ribeauvillé.
Pierre Lorentz, le fils de Jean-Georges, épouse la fille du bourgmestre (Nicola Schmitt) et son statut de magistrat lui vaut le vandalisme de 160 pieds de vignes (coupés).
La naissance du domaine sous sa forme actuelle par Gustave Lorentz date de 1836.
Après la seconde guerre mondiale, Charles Lorentz fils (né en 1934) développe l’entreprise familiale en rachetant les affaires de plusieurs domaines, bénéficiant ainsi de meilleures installations (d’où des bâtiments dans plusieurs coins de Bergheim).
Présent sur le domaine depuis de nombreuses années, c’est en 2003 que Georges reprend le domaine suite à des soucis de santé de son père.
Comme vous l’aurez compris le domaine puise ses racines dans le coeur de Bergheim de par son implantation géographique et économique depuis de nombreuses décennies. Le blason arboré sur de nombreuses bouteilles en atteste puisqu’il représente les armoiries de l’Alsace et de Bergheim.
Georges Lorentz nous parle de sa vision de l’avenir des vins d’Alsace
Un domaine qui avance.
Aujourd’hui le domaine compte 33 ha en propriété à Bergheim, la moitié en grand Cru, dont 12 ha dans le Grand Cru Altenberg de Bergheim et 1,5 ha sur le Grand Cru Kanzlerberg et 4 lieux-dits. Les 33 ha sont certifiés AB depuis 2012, après de nombreuses années en culture raisonnée.
A coté de cela le domaine gère une activité de négoce et achète environ la production de 120 ha à 80 vignerons, majoritairement issus du vignoble de Bergheim. L’activité de négoce n’est pas certifiée en Agriculture Biologique.
Le domaine Gustave Lorentz, c’est 34 salariés, plus une dizaine de saisonniers ; l’équipe des saisonniers peut atteindre 30 personnes pendant les vendanges.
Le domaine possède un parcellaire éclaté mais proche géographiquement, des visites y sont régulièrement effectuées pour sélectionner au mieux la qualité souhaité. Les parcelles et la vendange sont sélectionnées de manière différentes suivant les années et la vinification est à l’image de cette sélection, pas de pressoir et de vinification à l’emporte pièce.
Lors des vendanges 2015 la maison Gustave Lorentz connaît sa dernière mue. Après des décennies de vie sur trois sites différents, le domaine réceptionne et utilise enfin un chai flambant neuf qui lui permet à présent de tout regrouper sur un seul site.
Ce fut un chantier de longue haleine, puisque les premiers coups de crayon on eu lieu en mars, avril 2013, suivis des premiers coups de pioches en juin 2014 et pour finir le déménagement un an plus tard de la cuverie bois.
Le chantier a été gigantesque, à la hauteur des 6,5 millions d’euros investis. Mais ce chantier c’est aussi des chiffres comme 75 cuves inox, 6 pressoirs, 3 quais de réception, 17000 hectolitres de capacité, 6,5 mètres de profondeur dont environ 1,5 mètres dans l’eau, etc.… Des chiffres qui donnent le tournis, mais lorsque vous vous promenez au milieu de la cave vous n’avez pas l’impression d’être étouffé. Vous êtes juste dans une cave moderne, certes grande, mais qui a su garder son âme avec les cuves en bois très bien mises en valeur.
53% des ventes du domaine se font à l’export dans 60 pays, le domaine est également très présent sur les compagnies aériennes comme Japan Airlines, Air France et Qatar Airways.
Un homme dynamique.
Georges Lorentz a 54 ans, c’est un sportif qui apprécie plus particulièrement la montagne, le vélo et le tennis ; comme il le reconnaît c’est un besoin pour son équilibre personnel.
Cette phrase glané sur son site internet correspond et définit pleinement Georges :
« On ne peut être vigneron que par passion : la rudesse des éléments naturels, le travail sans limites exigé par la vigne et le noble résultat obtenu chaque année exigent cette passion qui nous anime. »
Son cursus est presque classique puisqu’il fait un BTS Viti/Oeno à Beaune, puis une année complémentaire dans le commerce. Georges parle l’alsacien, l’allemand et l’anglais, une langue qu’il aura pu approfondir pendant sa jeunesse lors d’une expérience en Californie pendant trois mois.
Georges a été très tôt sensibilisé par le potentiel d’internet, puisqu’il est à l’origine de la présence du domaine sur le web dès 2001 et la communication par email dès 1998. Il estime encore aujourd’hui que l’outil est sous-utilisé malgré une conviction et un investissement très important.
Il est vrai que la gestion générale de l’entreprise prend une grand partie de son temps, mais Georges est avant tout un vigneron et est toujours là pour le suivi de la vinification avec l’oenologue Markus Pauly durant la période de vendanges et jusqu’à la fin des fermentations.
Il fait également un gros suivi en vigne pour la sélection des raisins et la relation avec les apporteurs. Quand il lui reste du temps il enfile sa casquette de commerçant.
Georges Lorentz est un personnage qui ne s’ennuie jamais. Malgré le sérieux de son rang, c’est un homme qui ne manque pas d’humour, il sait par où il est passé, il avance avec son temps et ne craint pas d’être ambitieux dans un milieu qui ne reconnaît pas toujours cette qualité.
Des vins d’une grande finesse.
Après cette belle découverte, il est toujours agréable de finir une interview avec de bons vins :
Crémant d’Alsace brut blanc, un assemblage de Chardonnay, de Pinot Noir et Pinot Blanc qui propose une bulle d’une grande finesse.
Riesling Grand Cru Kanzlerberg 2007, un vin cristallin, légèrement acidulé avec de belles pointes d’agrumes. C’est de la dentelle à coté de l’Altenberg.
Riesling Grand Cru Altenberg de Bergheim 2008, un vin masculin d’une grande puissance, vif, salin et minéral.
Pinot Gris « Evidence », un vin frais et fruité avec très peu de sucre résiduel qui peut désorienter les attentes de certains (pas nous).
Pinot Gris Grand Cru Kanzlerberg 2008, une exclusivité Gustave Lorentz, un vin ample et fruité avec une pointe de minéralité, très jolie.
Pinot Gris Vendanges tardives 2008, la tarte Tatin de la maison Lorentz, 45 gr de sucre résiduel mais avec une acidité assez exceptionnelle qui permet à ce vin d’avoir un équilibre et une complexité aromatique vraiment sympa.
Pinot Noir Cuvée Particulière, un rouge intense et très griotte. Une bouche ample et longue. Légèrement tannique mais pas d’astringence.
Un grand merci à Georges Lorentz pour son accueil et sa disponibilité.