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La Confrérie Saint-Etienne anime à chaque édition de la FAV trois dégustations de vins d’Alsace de millésimes anciens, bouteilles prélevées dans l’œnothèque de la Confrérie.

Nouveauté cette année une dégustation dans le noir. Pour cette dégustation ce ne sont pas les bouteilles qui sont revêtues de noir mais les yeux des dégustateurs, ce qui les prive d’un des sens, la vue qui influe énormément sur la dégustation, le cerveau allume des voyants qui peuvent induire en erreur.

Ce qui est de suite surprenant c’est l’ouïe, on entend le vin couler dans le verre avec un son cristallin et on a l’impression que le verre se rempli bien alors que la dose est identique aux dégustations habituelles. De plus l’auditoire est attentif, silencieux, en introspection. Les animateurs sont bien plus attentifs à leur auditoire, en effet il faut l’informer si les 2 vins sont servis, dans quel ordre déguster et être très précis quand ils interpellent un dégustateur car privé de la vue il est difficile de suivre un regard.

Du côté des dégustateurs, même avec les yeux bandés, tout le monde a trouvé les verres sans les renverser, tout comme les crachoirs. Certes on tâtonne pour trouver son verre, et on y reste « cramponné », on ne fait pas de grand geste, tout se fait avec douceur et délicatesse. Quand on partage le crachoir avec un voisin, il faut trouver un moyen de communication pour ne pas cracher à côté du crachoir ou le retirer au moment où le voisin veut cracher, mais comme on a le vin en bouche à se moment là, il faut développer une nouvelle forme de communication et là aussi l’ouïe intervient car on entend les frottements sur la nappe.

Privé de la vue, on se concentre sur les arômes et le touché de bouche, ainsi la couleur du vin qui est un indicateur de la l’âge, du cépage n’influence pas la perception du vin. Bien des vins de la sélection on été perçus bien plus jeune.

Les vins ont été dégustés par paire de même millésime.

1991 :

  • Pinot Noir Willm (Barr) : nez oxydatif et poussiéreux, seule l’astringence très marquée pouvait faire penser à un Pinot Noir
  • Pinot Blanc Cave de Bennwihr : nez fermé qui s’ouvre sur des arômes de bergamote, mentholé et minéralité, en bouche belle structure acide avec du volume et une belle longueur

1988 :

  • Sylvaner Heimbourg Cave de Turckheim : nez beurré, évolué, en boche une note de champignon avec une attaque souple
  • Muscat Pierre-Henri Ginglinger (Eguisheim) : nez mentholé, menthe séchée et réglisse, bouche fraîche, structure acide, gras en attaque, typique des Muscats anciens

1981 :

  • Riesling Schoenenbourg Mittnacht-Klack (Riquewihr) : premier nez puissant aux arômes de fumée avec une note de noix, bouche saline avec une acidité large
  • Riesling Kirchberg de Ribeauvillé Jean Sipp (Ribeauvillé) : nez mentholé avec des arômes de silex, bouche fraîche, vive avec une acidité étroite et ciselée, belle longueur

1975 :

  • Tokay d’Alsace Fernand Gresser (Andlau) : nez fumé, bouche plate, vin très fatigué, c’est une bouteille avec le bouchon d’origine (la Confrérie Saint-Etienne rebouche régulièrement les bouteilles de l’oenothèque, dans ce cas on comprend l’importance de cette pratique pour conserver les vins)
  • Gewurztraminer Gustave Lorentz (Bergheim) : nez complexe avec des arômes de pêches, abricots, litchi, bouche ample, épicée, belle structure et belle longueur, c’est un beau vin.

Les participants à cette dégustation aux yeux bandés ont été conquis par l’expérience, ce qui a donné lieu à de nombreux échanges dans le respect de chaque opinion. La privation de la vue a donné lieu à une communication fluide, sans que personne ne coupe la parole à l’intervenant.

Belle initiative de la Confrérie Saint-Etienne, à renouveler.