Skip to main content

Force de caractère et détermination, voilà les deux adjectifs clés pour ces vendanges 2022 en Alsace. On l’a compris depuis un bout de temps, maturité, qualité, quantité, hétérogénéité, les vendanges ne seront pas simples cette année.  

Réuni sous l’égide de l’Association des viticulteurs d’Alsace (AVA) le 26 août dernier, les représentants du vignoble alsacien avaient fixé la date des vendanges au 29 août pour le crémant, et au 5 septembre pour les vins tranquilles. Pourtant, si la date est choisie grâce à des données techniques, il n’y a aucune obligation et chaque vigneron était libre de donner les premiers coups de sécateurs quand bon lui semblait… sur dérogation évidement !

Encore une année compliquée

Après un millésime 2021 catastrophique pour une bonne partie du vignoble situé en centre Alsace, le millésime 2022 est exceptionnellement précoce avec une hétérogénéité hors du commun (y compris au sein d’une même parcelle). 

Rien n’a été épargné au vignoble alsacien, pointés du doigt : le gel d’avril qui a engendré des rendements hétérogènes, la grêle de juin qui a généré des différences de maturité et pour finir la sécheresse (stress hydrique)… avec pour certains domaines, une superpositions des intempéries citées. 

La gageure de ce millésime sera d’atteindre les maturités souhaitées malgré l’hétérogénéité, ce qui nécessitera de réaliser des prélèvements très représentatif de chaque parcelle pour tirer le meilleur parti de chaque situation. 

Vendanger, avec qui ?

Avec un tel millésime, la sélection parcellaire est primordiale et les vendanges manuelles seront privilégiées. Et c’est là qu’intervient le dernier paramètre qui handicape le vignoble alsacien, le manque de main d’oeuvre pour cette campagne. En effet, le début précoce  de cette campagne accentue une pénurie de main-d’oeuvre, déjà notable ces dernières années et très amplement constaté dans beaucoup d’autres domaines économiques (restauration, commerce, industrie, etc…). 

Ce qui est remarquable dans ce phénomène c’est qu’il existe également une hétérogénéité selon les structures, certains domaines ont des équipes complètes et une liste d’attente, pendant que d’autres peinent à trouver la moitié de leurs effectifs. 

D’après les chiffres de la Mutualité Sociale Agricole (MSA), la chute des effectifs au moment des vendanges est notable depuis 2019, un phénomène qui incite une partie du vignoble alsacien à mécaniser leurs vendanges au grand bonheur des prestataires de services. 

Un état de fait qui n’est que le prolongement des difficultés du vignoble alsacien à trouver de la main-d’oeuvre qualifiée tout au long de l’année. Quid de l’attractivité d’une viticulture alsacienne certes innovante et volontaire, mais qui n’est pas assez valorisée.

Une satisfaction

Seul vrai point positif, l’état sanitaire du vignoble alsacien qui est pour l’instant satisfaisant. Le paradoxe c’est que cet état sanitaire des raisins est en grande parti dû aux importantes chaleurs, qui ont permis un dessèchement complet de toutes les maladies de la vignes. Un état sanitaire qui pourrait toute fois évoluer rapidement si des conditions humides ou/et pluvieuses venaient à persister.

2022, à surveiller en cave 

2022 sera un millésime compliqué, en cause les pratiques culturales différentes, les intempéries, les terroirs et les choix de chacun, sont autant de paramètres qui empêchent d’avoir un choix unique et un profil type de gestion des vendanges.

2022 est un millésime qui s’annonce malgré tout prometteur, avec une grande hétérogénéité qui obligera un grand nombre de domaines à effectuer un tri. Quid de la garde, avec les épisodes caniculaires à répétition, l’acidité totale a fortement chuté et les pH ne cessent de progresser.

Si la météo ne devient pas trop pluvieuse dans les prochains jours, du fait de l’hétérogénéité, les vendanges s’annoncent longues et pourraient s’étaler jusqu’à la mi-octobre pour certains domaines.