Des racines profondes
Dans le paysage politique contemporain, Hubert Ott fait figure d’exception. Député du Haut-Rhin, ancien enseignant, fils d’agriculteur et fin connaisseur de son terroir alsacien, il incarne une forme d’engagement authentique, enraciné et profondément humaniste. Sa trajectoire commence au cœur du vignoble, où il grandit au contact des collines et des savoirs agricoles. Son grand-père, comme beaucoup avant-guerre, pratiquait une polyculture vivrière, ancrée dans le respect de la terre et la proximité. “On est poursuivi par les images de son enfance“, dit-il, en évoquant les paysages de sa jeunesse. Cette empreinte originelle fonde chez lui une vision du monde construite autour du lien au territoire, à la nature, aux gens.
Avant la politique, c’est dans l’enseignement qu’il choisit de s’investir. En tant que professeur de SVT, il initie des générations d’élèves à la complexité du vivant. Il emmène ses classes sur le terrain, leur fait découvrir les plantes, les sols, les cycles naturels, toujours en lien avec l’action humaine. Cette pédagogie du vivant est fondée sur l’expérience directe, sur l’envie de comprendre et de transmettre. Elle structure encore aujourd’hui son approche politique : connaître avant d’agir, écouter avant de légiférer, respecter le réel avant de le transformer.
Un élu du terrain
Sa vocation politique naît au niveau local. Devant certaines décisions municipales qu’il juge mal orientées, il préfère agir plutôt que critiquer. Il entre au conseil municipal, puis poursuit l’expérience pendant quatre mandats. En 2022, après un premier échec en 2017, il est élu député. Son arrivée à l’Assemblée nationale ne change pas sa méthode : le terrain d’abord, la loi ensuite.
Refusant les postures partisanes, il se définit comme homme de la centralité, capable de dialoguer aussi bien avec des idées de droite que de gauche si elles font avancer le bien commun. Ce qui le motive, c’est la construction collective, le travail de fond, parfois peu visible, mais essentiel. Il est convaincu que la République doit se nourrir des expériences locales, que l’intérêt général ne se décrète pas à Paris, mais se construit au contact du terrain. C’est cette vision qu’il applique dans tous ses combats, qu’il s’agisse d’écologie, d’agriculture, d’aménagement du territoire ou de fiscalité.
Le vignoble alsacien, pilier de la transition écologique
S’il y a un domaine où Hubert Ott excelle, c’est la viticulture. Il en parle avec une passion qui mêle admiration, connaissance technique et attachement affectif. Pour lui, le vignoble alsacien est une œuvre collective et géologique, un récit de millions d’années que le vin raconte à chaque gorgée. “Les vins racontent la géologie plus encore que l’histoire des hommes“. Chaque cépage, chaque pente, chaque microclimat donne naissance à une expression unique. Le vin, dans cette vision, n’est pas un produit, mais une culture, au sens le plus noble du terme.
Dans un monde en transition, la viticulture devient à ses yeux un symbole d’agriculture durable. Il le souligne : près de 40 % du vignoble alsacien est en conversion biologique, un chiffre record en France. Mais même au-delà des labels, les pratiques changent : les viticulteurs investissent dans des bâtiments à énergie solaire, repensent les traitements, adaptent leurs plantations aux conditions climatiques. Hubert Ott soutient ces démarches avec constance, les accompagne auprès des institutions, les défend dans les débats parlementaires. Pour lui, ce sont des pionniers, et leur travail doit être reconnu à sa juste valeur.
Le climat change, la méthode doit s’adapter
Face au dérèglement climatique, Hubert Ott adopte une posture lucide mais optimiste. Il refuse le catastrophisme stérile et préfère l’adaptation fine, territorialisée. Grâce à la richesse géologique et topographique de l’Alsace, il estime possible de préserver l’équilibre variétal en analysant les microclimats et en repositionnant les cépages là où ils résisteront le mieux. Le riesling, par exemple, qui a besoin de fraîcheur, pourrait être déplacé dans des zones plus élevées ou mieux exposées, “Avant de tout remplacer, regardons où les cépages peuvent encore s’exprimer“.
Il défend également l’introduction raisonnée de nouveaux cépages, sans pour autant renoncer à l’identité alsacienne. Pour lui, le terroir se redéfinit avec le climat, et cela doit se faire dans le dialogue entre scientifiques, agriculteurs et décideurs. Ce souci du détail, cette volonté de concilier tradition et innovation, se retrouvent dans la loi sur le drone viticole, qu’il a coportée. Cet outil, utilisé à bon escient, permet des traitements plus rapides, plus précis, plus sûrs, notamment en période de forte humidité, propice aux maladies. C’est une illustration parfaite de sa vision : le progrès au service de l’agriculture, pas contre elle.
Faire République avec les territoires
Au cœur de la pensée politique d’Hubert Ott, il y a cette conviction : la République ne doit pas imposer, elle doit composer. Il s’oppose aux logiques descendantes, aux normes conçues loin des réalités de terrain, et prône une démocratie de la proximité. Il croit dans la force du lien humain, dans le respect mutuel, dans la co-construction de solutions avec les acteurs locaux. C’est ainsi qu’il conçoit son rôle de député : faire remonter les besoins, faciliter les expérimentations, garantir que chaque territoire ait les moyens d’agir.
Pour lui, l’avenir n’est pas dans les effets d’annonce, mais dans les petites lois utiles, les textes concrets, les dispositifs qui fonctionnent. Il agit souvent dans l’ombre, dans les groupes de travail, dans les négociations, avec une éthique de la rigueur et de la patience, “Les grandes transitions passent par des détails bien faits“, aime-t-il rappeler. Et pour que ces transitions réussissent, il faut qu’elles soient comprises, appropriées, incarnées. Cela demande du temps, de la pédagogie, mais aussi une grande confiance entre élus, professionnels et citoyens.
Croire en la jeunesse et transmettre un avenir fertile
L’un des aspects les plus inspirants de l’engagement d’Hubert Ott est sa foi dans la jeunesse et la transmission. À ses yeux, l’avenir du vignoble, de l’agriculture, mais aussi du pays tout entier repose sur les jeunes générations, sur leur capacité à reprendre le flambeau, à inventer de nouveaux modèles, à oser sans renier. Il alerte sur les difficultés de la reprise d’exploitation, les obstacles financiers, les blocages administratifs, les découragements, “Si nous n’accompagnons pas nos jeunes qui veulent reprendre, nous perdrons des savoir-faire, des terres, et un pan entier de notre culture“.
C’est pourquoi il milite pour des politiques actives d’installation, de formation, de valorisation des métiers agricoles. Il veut faire tomber les clichés, redonner envie. Pour lui, un viticulteur aujourd’hui est un entrepreneur, un artisan, un artiste, un scientifique, et il faut le dire, le montrer, le soutenir. Il veut aussi créer des ponts entre les générations, transmettre les valeurs du territoire, ouvrir les horizons plutôt que les restreindre. Et cela, il le fait en allant sur le terrain, en rencontrant, en écoutant, en nouant des liens. Car pour lui, la politique, c’est cela : mettre en relation les humains, pour qu’ils construisent ensemble un avenir fertile.