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Le 1er août la chambre d’agriculture a proposé une conférence sur l’optimisation des traitements et la réduction des intrants phytosanitaires.

Depuis plusieurs années l’alcool augmente et l’acidité des vins d’Alsace diminue, un phénomène intéressant pendant une période, mais actuellement cela pose problème et déstructure les vins d’Alsace. Les viticulteurs font évoluer la conduite de la vigne. Actuellement la conduite de la vigne est à la fois un enjeu environnemental et sociétal.

Il existe plusieurs alternatives aux traitements :

  • La prophylaxie largement répandue
  • Les AOD ou outils d’aides à la décision
  • Les méthodes physiques
  • Le biocontrôle
  • Les PNPP, préparations naturelles peu préoccupantes
  • Les variétés résistantes à certaines maladies
  • La qualité de pulvérisation

Suivant les conditions climatiques toutes ces alternatives ne se substituent pas aux traitements mais permettent de les diminuer.

Les intervenants n’ont fait un exposé que sur certaines alternatives.

Les PNPP (préparations naturelles peu préoccupantes) sont utilisées en complément pour renforcer la plante, elles ne sont pas utilisées toute l’année. Les PNPP sont divisées en 2 catégories, les substances de base (contre l’oïdium par exemple) et les substances naturelles à usage biostimulant (SNUB). L’acide salicylique par exemple est une SNUB, c’est un messager qui met la plante en alerte ce qui met le mécanisme de protection de la plante en route. Dans les SNUB il y a trois catégories d’extraction des molécules actives qui vont de la décoction (la plus faible) à la tisane pour stimuler la plante, pour finir par le purin qui est la plus forte extraction permettant de booster la plante. Attention la qualité de l’eau utilisée est importante pour obtenir de bons résultats. Vous pouvez trouver la liste des PNPP sur substances.itab.asso.fr.

Le biocontrôle regroupe plusieurs actions, tels que les biocides directs, la modification de l’environnement de développement de la maladie en créant un environnement défavorable, la perturbation du comportement du vecteur de la maladie comme la confusion sexuelle et la stimulation des défenses des plantes. Ainsi le biocontrôle permet de substituer certains produits phytosanitaires, mais il ne peut être le seul levier pour les réduire. Attention le biocontrôle n’est pas forcément autoriser pour la culture biologique.

La pulvérisation fait face à trois contraintes : environnementale, économique et sociétale, c’est pourquoi la qualité de pulvérisation est primordiale. Pour que les produits de contacts (biocontrôle, PNPP…) soient efficaces il est important d’éviter les pertes au sol par dérives, pour cela la taille des gouttes est crucial, plus la goutte est grosse, moins il y a de dérive et plus elle contient de matière active. Autre élément primordial pour une bonne pulvérisation est le flux d’air pour toucher les faces intérieurs des feuilles et les grappes. Pour améliorer la qualité de pulvérisation il faut vérifier le débit des buses et la pression, à la sortie de l’hivernage bien rincer le système. A la vigne il est important de que le régime de la prise de force soit de 540 rpm, adapter sa vitesse d’avancement, le débit des diffuseurs et connaître le volume de bouillie par hectare à pulvériser, il est préconisé de passer dans tous les rangs ou pas plus d’un rang sur deux, de bien croiser les jets et de ne pas avoir trop de feuillage. Pour bien définir tous les critères décrits il est intéressant d’évaluer la qualité de pulvérisation. Cette évaluation permet de voir l’homogénéité de pulvérisation sur les deux faces de la feuille, sur la grappe, la quantité de gouttes qui touchent les feuilles et vérifier la dérive. L’intervenant Adel Bakache a fait le tour du parc agricole et a relevé deux innovations de pulvérisateurs, le Praysbee Wulp qui atteint l’intérieur des feuilles par un système d’oscillation du bras, il est silencieux et s’adapte sur les pulvérisateurs, le Bliss Ecospray qui confine les gouttelettes par un système d’air, et le drone de pulvérisation.

L’INRAE a développé des variétés résistantes à l’oïdium et au mildiou. Jusque dans les années 50 les hybrides résistants étaient très répandus mais ils ont disparu avec la création des AOP. Or face à la pression sociétal (question de santé public) et pour diminuer l’utilisation des fongicide, les hybridations ont recommencé. Pour commencer il a fallu recenser le matériel génétique des souches résistantes, mais les vignes sauvages sont infertiles avec les vignes cultivées, conclusion la recherche fait des hybridations comme il y a 150 ans. Problème le gène de la résistance peut être contourné par l’évolution des maladies et la plante ne reconnait plus la maladie. Solution, il faut mettre plusieurs gènes de résistance dans la variété résistante, c’est le pilotage de l’association des gènes pour la durabilité de la variété, ce processus est nouveau dans le principe de l’hybridation. Il faut compter 15 ans pour sélectionner une variété, on passe de la sélection précoce (1000 plantules), à la sélection intermédiaire plantée au vignoble, vinifiée et dégustée pour finir par la sélection finale (1 à 2 variétés résistantes). En 2018 inscription de 4 variétés résistantes (2 rouges et 2 blancs), 2021 5 variétés, une troisième vague arrive avec un objectif de 20 variétés avec l’intégration de la résistance au black rot. Vous pouvez trouver les fiches de ces variétés sur le site de l’INRAE. L’efficacité des variétés résistante est avérée au vignoble, avec une économie en fongicide en moyenne de 80%, sans compter les impactes sociaux et territoriaux non négligeables. La recherche était orientée en priorité sur la résistance aux maladies, mais maintenant elle se tourne également vers le respect de la typicité régionale. Ainsi l’Alsace a lancé le programme en 2016 et est actuellement dans la phase de sélection intermédiaire. La recherche n’en restera pas là, les perspectives ne manquent pas avec l’adaptation des plants aux changements climatiques, accélérer le processus de production des plants et développer des plants résistants des racines aux feuilles et aux grappes sans utilisation de portes greffes. Pour l’instant la résistance aux maladies du bois n’est pas à l’ordre du jour car on ne connait pas suffisamment le pathogène de ces maladies.

En conclusion, il n’y a pas de méthode unique pour réduire les intrants phytosanitaires mais il existe plusieurs alternatives pour y parvenir.

La Foire Aux Vins de Colmar