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Laurent Bessot, peintre au vin rouge et à la bière, nous a proposé de rédiger un article à deux voix. Ceci est le résultat de notre collaboration amicale.
Rendez-vous est pris au domaine Hansmann à Mittelbergheim pour aborder le thème du liage à l’osier. Laurent n’a pas choisi ce domaine au hasard, il expose dans la cour de Frédéric Hansmann lors de Hinter’m Kellerladel (11ème édition le 2 avril 2017) et le domaine pratique ce liage depuis toujours.
 
Le liage regroupe deux travaux, attacher le sarment au fil de palissage pour former l’arcure et attacher le jeune plant de vigne au tuteur pour donner la forme au futur cep. Dans ces deux cas le viticulteur n’utilise pas le même genre de lien. Pour l’arcage les liens les plus répandus sont la ficelle papier-fil de fer, la ficelle de jute-fil de fer et la ficelle plastique-fil de fer posées à l’aide d’un lieur composé d’une vis sans fin associée à un sécateur ou un « ciseau » pour couper le lien. Pour le tuteurage le lien en PVC est le plus utilisé. Tous ces matériaux sont distribués par les coopératives d’approvisionnement ; certes, on peut également y trouver l’osier mais dans le cas du domaine Hansmann, l’osier est récolté.
La famille Hansmann possède plusieurs arbres, plantés dans des endroits humides et sélectionnés par bouturage par le père de Frédéric. En effet les branches d’osier sont plus souples en fonction de leur couleur ; par exemple l’osier jaune est le plus souple des trois sortes existantes. Frédéric nous a expliqué que souvent sous les bosquets d’osier présents dans les champs se trouvent des bornes cadastrales, car les anciens plantaient une branche à l’emplacement de la borne pour la rendre plus visible et oubliaient de la retirer.
L’osier est récolté en novembre et peut être travaillé un mois plus tard sans problème car il reste souple longtemps et s’il sèche, il redevient rapidement souple quand il est humidifié. Le travail de nettoyage de l’osier est un travail typiquement d’hiver, d’une durée d’un mois, accompli par les anciens et qui consiste à séparer les rameaux en trois catégories distinctes en fonction de l’épaisseur et de la longueur. Dans un souci d’économie certaines maisons fendaient l’osier en deux.
 
L’osier est utilisé dans les travaux de liage à la fois pour ses qualités de robustesse et de souplesse. Mais quand il fait très froid l’arcage n’est pas possible, d’une part parce que l’osier est craquant et d’autre part, l’emploi de ce matériau naturel ne nécessite pas d’outil spécifique en dehors de mains expertes dont le bout des doigts gelés auront moins de dextérité. A l’époque de la polyculture, le froid ne posait pas de problème car le liage se faisait en mars, mais actuellement une exploitation de 7 hectares ne peut pas attendre cette période pour commencer l’arcage, du coup le viticulteur doit bien gérer ses sorties en fonction de la météo. Quand il fait chaud il ne faut pas laisser l’osier dans la voiture car il sèche et devient moins souple, c’est pourquoi après chaque période de travail il faut lui faire prendre un bain pour qu’il retrouve ses caractéristiques.
Le liage à l’osier nécessite deux passages, un pour attacher les ceps au fil de fer ou au tuteur, un autre pour l’arcure et demande un tour de main pour gérer la longueur des branches d’osier, maintenir une tension suffisante tout en enroulant la partie la plus grosse de l’osier trois fois autour de la plus fine.
Les rameaux les plus longs et les plus épais servent à attacher les ceps et les jeunes plants. Contrairement aux liens en PVC, l’osier supporte une tension maximale pour attacher les jeunes plants au tuteur sans se déchirer ou se détendre. Frédéric a fait l’essai des liens en PVC mais est revenu à l’osier car il a constaté que les pieds de tête avaient une tendance à pencher dans le rang alors que l’osier les maintenait bien droit. Les liens en osier cassent au bout de 2 à 6 ans. On peut attacher plusieurs pieds avec une longueur ; comme on démarre le liage par la partie la plus épaisse, souvent il reste des petits bouts fins qui sont utilisés pour faire quelques arcures avant le passage spécifique à l’arcage.
Les autres rameaux sont employés pour l’arcure. Avec une longueur on peut en faire trois car deux tours suffisent pour maintenir la baguette sous tension. L’osier casse moins facilement que les liens à base de fil de fer quand on le serre et permet quelques fantaisies quand la baguette est trop courte.
Tout au long de la démonstration Frédéric avait de temps à autre un morceau d’osier en bouche, de l’osier qui est trempé dans une eau pas forcément claire, mais il nous a expliqué que l’osier est une plante médicinale qui contient de l’acide salicylique (de l’aspirine) donc il n’y a pas de soucis.
Le liage à l’osier est une méthode naturelle, qui emploie des matériaux de proximité sans outils spécifiques autres que le sécateur et du personnel très manuel, une personne expérimentée est tout aussi rapide qu’avec un lieur.
 
Je cède à présent la « voix  » à la prose de Laurent.
 
Effectivement ce n’est pas un hasard si j’ai emmené Caroline et Pascal à Mittelbergheim car c’est un village qui me tient particulièrement à cœur. Et c’est encore moins un hasard si nous sommes allés au Domaine Hansmann pour notre premier rencard (de travail) bien sûr.
Car on le sait bien on ne choisit pas le lieu du premier rendez-vous au hasard, il faut déjà qu’on s’y sente bien, connaître un peu l’histoire de la maison, histoire de meubler, lancer deux trois mots d’humour bien sentis, c’est bien, mais être un ami de plus de 20 ans du patron c’est encore mieux pour emballer.
 
Bon trêve de plaisanteries, revenons en au sujet… Caroline en bonne technicienne de la vigne vous a déjà expliqué les rudiments de l’arcage illustrés par les photos de Pascal.
De mon côté je suis allé flâner dans le jardin, plus précisément au côté Sud (inondé de soleil) de la ferme viticole. Là-bas se trouvait la vieille baignoire qui après avoir servi à assouplir les articulations d’une ou deux générations de vignerons reprenait du service et sert désormais à assouplir l’osier.
Je continue mon chemin et au bout du jardin, où poussent quelques arbres fruitiers, j’accède à la parcelle de Sylvaner de Frédéric et là s’offre à moi une des plus belles vues sur Mittelbergheim (pour rajouter au cliché de carte postale, un couple de cigognes virevolte dans les airs et en profite pour visiter le nouveau nid installé au centre du village, peut être feront-ils une offre d’achat !).
Je rejoins mes compères reporters car je n’ai pas trop écouté les explications jusqu’à présent, bon ça va je comprends, couper, nettoyer, tremper, attacher après avoir arquer. Je prends quelques clichés pour pouvoir illustrer nos propos ultérieurement.
 
Tiens il y a des poules, je laisse causer les pros entre eux et je vais photographier les poules et coqs, ça me servira pour plus tard.
 
Je retourne dans la cour où Bernard (le père de Frédéric) achève de distiller sa mirabelle et explique l’histoire du domaine, du village, de ses aïeux avec maintes anecdotes et dates à l’appui. J’ en profite pour lui tirer le portrait.
Puis nous rejoignent les reporters et vignerons suivis d’une équipée de visiteurs Haut-Rhinois, du coup on est une dizaine dans la cour.
J’en profite pour lancer le sujet Sylvaner Grand Cru Zotzenberg, la réaction de Frédéric ne se fait pas attendre ; équipé de verres et d’une bouteille Grand Cru, il nous explique les caractéristiques de son vin, s’en suit une deuxième bouteille d’un Sylvaner issu d’une autre parcelle pour pouvoir faire la différence.
Finale en duo
Cette fin d’après midi a été un pur moment de bonheur simple, des amis, du vin, un lieu magnifique et un domaine chargé d’histoire et d’histoires que les vignerons et vigneronnes sauront vous raconter si vous venez à leur rencontre.

Domaine Hansmann

  • 66 Rue Principale, 67140 Mittelbergheim
  • 03 88 08 07 44
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