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Le 27 juin dernier, l’IOC, Institut Œnologique de Champagne, reconnu pour son expertise dans l’analyse, la recherche et l’innovation, a proposé la 4ème édition de son IOC Academy, lors d’une conférence d’envergure sur le thème « Le vin face aux défis climatiques, énergétiques et réglementaires ». Cet événement, qui s’est déroulé à l’hôtel-restaurant Val-Vignes de Saint-Hippolyte, a rassemblé des experts renommés devant un public composé d’œnologues et de chefs d’exploitations venus nombreux. Grâce à leur expertise et leur pédagogie, les intervenants ont captivé l’audience, faisant de cette conférence un franc succès.

  • Lors de cette conférence, divers sujets ont été abordés. Constantin Ardilouze a présenté l’évolution passée et future des extrêmes climatiques en France.
  • Arnaud Regli, chargé de support technique à l’IOC, a quant à lui exposé la bioprotection préfermentaire comme solution pour réduire l’utilisation des frigories.
  • Un autre sujet crucial pour le monde viticole a été traité par Olivier Pillet, responsable développement produits œnologiques à l’IOC : la gestion de la surmaturité ou de l’hétérogénéité des raisins noirs au chai sans épuiser les ressources.
  • Jean-Pierre Valade, directeur technique à l’IOC, a éclairé le public sur l’acidité et les excès climatiques, ainsi que sur les moyens naturels pour rétablir l’équilibre dans les vins.
  • L’événement a également permis de discuter des vinifications de l’année 2023, notamment les conséquences de la nouvelle réglementation sur l’étiquetage des additifs, présentées par Olivier Pillet.
  • Par ailleurs, une dégustation a mis en avant l’engagement des vignerons et maisons dans l’adaptation du monde viticole face au changement climatique, animée également par Olivier Pillet.

Dans ce contexte, nous avons choisi de nous concentrer sur deux thèmes qui traitent directement des changements climatiques et des problèmes d’acidification qui en découlent.

L’évolution récente et à venir des extrêmes climatiques en France

Lors de cette conférence donnée par Constantin Ardilouze, chercheur au Centre National de Recherches Météorologiques et à l’Unité Mixte de Recherche Météo-France et CNRS, l’évolution récente et future des extrêmes climatiques en France a été mise en lumière. Divisée en deux parties, cette présentation a abordé les changements climatiques observés et prévus pour le XXIe siècle, ainsi que leur impact sur trois types d’événements significatifs : la viticulture, les gelées tardives et les feux de forêt.

Le chercheur a d’abord souligné la rareté des événements météorologiques extrêmes tels que tempêtes, orages torrentiels, canicules et vagues de froid, tout en mettant en évidence leur médiatisation et leur impact socio-économique. Un enjeu crucial réside dans le lien entre ces événements et le changement climatique.

En ce qui concerne les changements climatiques observés en France, le chercheur a présenté des données démontrant un réchauffement accru depuis les années 1980. La décennie 2011-2020 a été 1,7 degré plus chaude que la période de référence 1960-1990, montrant que le réchauffement en France est même plus rapide que le réchauffement global de l’ordre de 0,7 degré.

Pour les prévisions à la fin du siècle, le chercheur a exposé trois scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, prévoyant des réchauffements estimés entre 4 et 5 degrés en France. Cependant, cette augmentation ne sera pas uniforme sur le territoire, avec une tendance plus marquée dans le sud-est et le sud par rapport aux côtes ouest.

Le chercheur a également mis en évidence la différence entre climat et météo, en insistant sur le fait que le changement climatique est une notion statistique. Le décalage des températures peuvent entraîner une plus grande variabilité d’une année à l’autre, rendant les extrêmes encore plus chauds et pouvant mener à des canicules atteignant les 50 degrés dans certaines villes.

Enfin, en analysant les canicules recensées en France depuis 1947 jusqu’à 2001, et leur projection pour la fin du siècle selon le scénario le plus pessimiste, le chercheur a illustré comment les canicules pourraient potentiellement durer jusqu’à trois mois consécutifs. Les canicules considérées comme exceptionnelles aujourd’hui pourraient devenir ordinaires en fin de siècle.

La deuxième partie de la présentation a ensuite abordé les changements attendus dans trois types d’événements extrêmes : les gelées tardives, les feux de forêt et la grêle. Ces changements, résultant du changement climatique mondial, auront des répercussions significatives sur différents secteurs, notamment la viticulture et l’agriculture en général.

Le chercheur a expliqué que le changement climatique entraînera une diminution des vagues de froid en fin d’hiver, tant en fréquence qu’en intensité, d’ici la fin du siècle. Cela aura des conséquences pour la viticulture et l’agriculture en général, soulignant l’importance d’adapter les pratiques agricoles à ces changements contradictoires.

En ce qui concerne les feux de forêt, le chercheur a présenté l’indice forêt météo, un outil permettant d’évaluer le risque de déclenchement et de propagation de ces incendies. Selon les projections, les conditions favorables aux incendies augmenteront, en particulier dans les régions méditerranéennes, nécessitant la mise en place de mesures préventives pour faire face à cette évolution.

Quant à la grêle, phénomène climatique complexe à prévoir en raison des incertitudes entourant le cisaillement du vent, le chercheur a souligné que le réchauffement climatique pourrait entraîner une augmentation des conditions favorables à la formation de grêle dans certaines régions. Étant donné l’impact considérable de la grêle sur la viticulture, il est essentiel de comprendre comment ce phénomène peut évoluer afin de mieux s’y préparer.

Cette conférence de Constantin Ardilouze a mis en évidence l’importance de prendre en compte l’évolution des extrêmes climatiques en France. Les gelées tardives, les feux de forêt et la grêle auront des conséquences importantes sur différents secteurs, notamment l’agriculture et la viticulture. Face à ces nouveaux défis induits par les changements climatiques en cours, il est essentiel de s’adapter et de mettre en place des mesures préventives pour minimiser les impacts négatifs et saisir les opportunités dans un contexte climatique changeant.

Acidité et excès climatiques : retrouver l’équilibre naturellement

Dans l’univers exigeant de la viticulture, l’acidité des raisins revêt une importance cruciale pour la qualité et l’équilibre des vins. Cependant, avec les bouleversements causés par les changements climatiques sur le vignoble, les vignerons se trouvent confrontés à des défis de taille pour préserver cette harmonie naturelle. Lors d’une conférence captivante orchestrée par Jean-Pierre Valade, éminent Directeur Technique de l’IOC, des pistes révolutionnaires ont été dévoilées pour gérer l’acidité des raisins et restaurer leur équilibre sensoriel. Parmi ces solutions novatrices, la bioacidification s’érige en tête d’affiche.

Le défi climatique sur l’acidité des raisins

Les aléas climatiques ont un impact significatif sur la vigne et la qualité de ses précieux fruits. Notamment, certains cépages, dont le célèbre Grenache, pâtissent particulièrement de ces caprices du climat. Les périodes de chaleur intense provoquent une diminution de la teneur en acide malique, tandis que l’acide tartrique connaît une hausse, perturbant ainsi l’équilibre naturel du vin.

Acidité et équilibre : Un duo déterminant

L’acidité des raisins dépend étroitement de l’équilibre entre les acides tartrique et malique. Lors d’années chaudes, l’acide tartrique prend le dessus, alors qu’en périodes plus fraîches, l’acide malique domine la composition. Rétablir un équilibre sensoriel optimal devient alors essentiel pour les vignerons.

Bioacidification : Un remède novateur pour préserver l’harmonie

Pour pallier ces enjeux, la bioacidification émerge comme une alternative prometteuse pour retrouver l’harmonie naturelle des raisins. Cette technique révolutionnaire fait appel à des bactéries spécifiques, comme ML Prime et L Plantarum, capables de transformer l’acide malique en acide lactique. Une dégradation subtile qui permet de réduire l’acidité totale du vin tout en préservant ses caractéristiques sensorielles.

Atouts de la bioacidification

Contrairement aux méthodes chimiques d’acidification, la bioacidification ne requiert pas d’étiquetage particulier sur les bouteilles de vin. De plus, elle assure une stabilité chimique et microbiologique accrue, préservant ainsi l’intégrité gustative du vin. Les bactéries utilisées agissent rapidement, permettant une gestion précise du niveau d’acidité désiré dans le vin.

Une flexibilité précieuse dans la gestion de l’acidité

La bioacidification offre une souplesse remarquable dans la gestion de l’acidité des raisins. Les vignerons peuvent ainsi ajuster le dosage en fonction des spécificités de chaque cépage, du millésime et des conditions de vinification, garantissant un résultat optimal pour chaque cuvée.

Face aux défis imposés par les changements climatiques sur la viticulture, la bioacidification se démarque comme une solution prometteuse pour restaurer naturellement l’équilibre des raisins et préserver la qualité des vins. Grâce à ces méthodes de pointe pour gérer l’acidité, les vignerons sont armés pour continuer à produire des vins d’excellence, fidèles à l’expression unique de leur terroir.