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Une histoire de famille enracinée dans la terre

Au cœur du village de Voegtlinshoffen, sur les hauteurs de la plaine de Colmar, le Domaine Marzolf Lucien et Fils incarne une histoire de famille alsacienne, enracinée dans le travail de la vigne et la transmission des savoir-faire. Ici, Yves Marzolf, vigneron depuis les années 90, passe peu à peu le flambeau à sa fille Mathilde, avec une complicité mêlée de franchise et d’humour. Ensemble, ils incarnent deux générations qui dialoguent, s’ajustent et s’enrichissent mutuellement. L’un apporte la solidité de l’expérience et la mémoire du terroir ; l’autre, une énergie neuve, des ambitions élargies et une approche résolument tournée vers l’avenir. Le domaine familial, fondé par Lucien, le grand-père, s’est construit sur le temps long, à l’image des cycles de la vigne. “Quand j’ai repris, on n’avait que deux hectares et demi“, se souvient Yves. Aujourd’hui, le domaine exploite près de dix hectares, en partie en vinification propre, en partie auprès d’un négociant.

Mathilde, le retour aux sources d’une vocation

Mathilde, quant à elle, n’était pas prédestinée à la vigne. Après des études supérieures, elle envisageait un parcours à l’étranger. Le Covid a bouleversé ses plans, et elle est revenue au domaine plus tôt que prévu. Depuis 2020, elle s’est engagée à fond dans l’exploitation familiale. Polyvalente, elle jongle entre les vignes, la cave, le commerce, l’administratif et les réseaux sociaux, “C’est un métier où il faut tout faire“. Sa vision est claire : développer l’indépendance du domaine vis-à-vis du négoce, renforcer les ventes directes, notamment à l’étranger, et établir des partenariats durables avec des restaurateurs locaux. “Faire vivre le vin là où il est né, c’est important“ rajoute Mathilde. Sa démarche se veut éthique, locale et responsable, fidèle aux valeurs du domaine tout en ouvrant de nouvelles perspectives commerciales.

Une communication moderne, sincère et incarnée

Loin d’un marketing de façade, le duo père-fille fait le choix d’une communication sincère et accessible. Avec Louise, l’autre fille de Yves, Mathilde anime les réseaux sociaux du domaine : vidéos explicatives, scènes de vie dans les rangs ou la cave, témoignages spontanés… Et le succès est au rendez-vous. “Les gens veulent comprendre ce qu’il y a dans leur verre“. Yves devient même “la star d’Instagram“ précise Louise, filmé sans filtre. Ce virage numérique ne fait pas de Mathilde une influenceuse “Je veux juste montrer notre quotidien, sans paillettes“. Cette volonté de pédagogie se prolonge dans les événements organisés sur place : portes ouvertes, apéros gourmands, marchés de producteurs, pique-niques chez le vigneron… autant d’occasions de créer du lien direct avec les visiteurs et de valoriser le métier de vigneron.

Une viticulture respectueuse et lucide

Sur le plan agricole, le domaine privilégie une viticulture raisonnée, respectueuse de l’environnement. Certifié HVE (Haute Valeur Environnementale), il adopte des pratiques proches du bio, sans chercher la certification coûte que coûte. “On travaille comme si on était en bio, mais on ne veut pas de l’usine à labels“. Le désherbage chimique a été remplacé par le labour, les traitements réduits à base de soufre et de cuivre. Mathilde va plus loin : vinifications au rythme du calendrier lunaire, mise en bouteille minutée, soutirages planifiésOn respecte les rythmes naturels“. Le domaine est quasi-autonome, ne faisant appel à un prestataire que pour le crémant, dont le volume ne justifie pas l’achat de matériel spécialisé.

Le crémant, une signature tout en finesse

Produit emblématique du domaine, le crémant est travaillé avec exigence et discrétion. À base de Pinot Auxerrois, il est vendangé plus mûr que la moyenne, pour une meilleure aromatique. Vinifié dans de vieux foudres de bois, élevé 24 à 36 mois sur lattes, il offre des bulles fines, une grande fraîcheur et une profondeur rare. “On l’adore, mais on n’en parle pas assez, même en salon“, confesse Yves. Le design irisé de l’étiquette, moderne et élégant, reflète cette attention au détail. Un vin à la fois identitaire, élégant et accessible, que Mathilde entend mieux valoriser auprès de nouveaux marchés.

Entre ancrage local et ambition internationale

Aujourd’hui, Mathilde incarne pleinement l’élan du domaine vers l’avenir. Si la famille reste fidèle à ses valeurs de proximité, elle pense aussi à l’international, notamment le Japon, la Belgique et de nouveaux réseaux de restaurateurs. Les réseaux sociaux, loin d’être une fin en soi, deviennent un outil de transmission. Yves observe avec un mélange de fierté et de prudence : “Ce n’est plus le même métier qu’il y a 15 ans. Heureusement qu’ils ont la niaque“. Une chose est sûre : chez les Marzolf, on ne vend pas que du vin, on partage une histoire, on incarne un métier, on transmet une passion.