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Dégustations et rencontres passionnantes

Pour cette 7ème étape de la tournée des terroirs, nous avions rendez-vous à Molsheim, une charmante sous-préfecture située à 26 kilomètres à l’ouest de Strasbourg. Connue dans le monde entier en tant que siège historique du constructeur automobile Bugatti, Molsheim, ou Molse en alsacien, a une histoire riche en tant qu’ancienne propriété de l’évêque de Strasbourg.

Au cœur de ce vignoble millénaire implanté par les Romains, le syndicat viticole de Molsheim, composé de 5 vignerons et de 2 producteurs de raisin, nous a chaleureusement accueilli lors d’une journée éclatante. Entre sourires contagieux et un soleil radieux, l’ambiance était parfaite pour profiter pleinement de cette expérience viticole unique.

La journée a débuté sous la houlette de la rayonnante Carole Behr-Kohser, animatrice nature chez L’en vert du décor. Habituellement, elle anime des ateliers sur l’éducation à l’environnement et au développement durable, tels que la découverte des arbres, des oiseaux ou le traitement des déchets. Forte de 7 ans d’expérience, elle travaille avec les tout-petits en crèche ainsi qu’avec les plus grands, que ce soit à l’école ou lors d’ateliers en famille, réunissant parents et enfants ou grands-parents et petits-enfants. Cette fois-ci, elle nous a entraînés à la découverte des plantes sauvages comestibles.

Le point de départ était installé à la tente d’accueil de la journée, et il ne nous a fallu que quelques mètres pour que Carole, passionnée, curieuse et reconnaissante depuis son plus jeune âge, partage avec nous ses connaissances acquises grâce à une formation en Allemagne et à ses nombreuses balades au cœur de la nature. Chacun a pu prendre conscience de la diversité de la flore sauvage entre les rangées de vignes, d’autant plus évidente dans cette zone cultivée en bio.

Petit rappel des bases pour nos découvreurs et découvreuses du jour, de tous âges : la chaîne alimentaire est la base de tout écosystème. Plus il y a d’herbes, plus il y a de plantes, plus il y a d’animaux. De même, plus il y a de diversité végétale, plus il y aura de diversité animale. Nous nous sommes dirigés vers la découverte des « mauvaises herbes », ou plutôt des plantes spontanées, car toutes ont une utilité et donc un impact sur la survie de l’espèce.

La première espèce sur notre chemin était le trèfle rouge ou trèfle des prés, qui offre des fleurs nectarifères pour le plus grand bonheur des abeilles, mais aussi pour les connaisseurs qui peuvent les déguster en sirop, cru ou séché pour les tisanes, ainsi que les feuilles, idéales en salade.

Un peu plus loin, nous avons découvert les bourses à pasteur, avec leurs capsules contenant des graines au goût de moutarde, utilisées comme condiment depuis le Moyen Âge. 

Le plantain lancéolé, avec ses feuilles en forme de lance qui lui ont donné son nom, a permis aux plus téméraires de déguster leurs boutons floraux au goût de noisette. Une fois sèches, ces dernières se transforment en projectiles et en mini « lance-boutons ». Quant aux feuilles, elles se dégustent crues ou cuites, en salade, dans un cake aux herbes ou en pesto. Elles peuvent également être écrasées pour apaiser les piqûres d’insectes ou d’orties.

Ce petit trio de découvertes s’est terminé par un goûter au cœur du verger surplombant les vignes, où notre hôtesse nous a préparé une infusion de menthe et de mélisse pour apporter un peu de douceur et de fraîcheur. Nous avons également dégusté un fromage frais au lierre terrestre, un cake aux orties (nous vous donnerons la recette à la fin) qui sera parfait pour vos apéritifs estivaux, ainsi qu’une gelée de fleur de sureau pour le réconfort matinal. La fraîcheur du fromage, la douceur du sureau et la madeleine de Proust de l’ortie étaient au rendez-vous.

Quelques recommandations avant de vous lancer : si vous n’êtes pas sûr à 150%, comme nous le dit si bien Carole, ne mangez pas. Évitez de cueillir des plantes trop proches du bord du chemin. En cas de besoin, lavez-les avec un peu de vinaigre blanc avant de les consommer, surtout si vous les mangez crues.

Après cette mise en jambe, le bar et ses 13 vins du village nous attendaient, avec des membres du syndicat viticole, tout sourire pour nous conseiller et nous servir.

Pour découvrir un peu plus en profondeur les vins de Molsheim, les membres du syndicat viticole ont concocté deux ateliers. Le premier était dédié à la découverte des AOP de Molsheim, avec une dégustation horizontale pour explorer la diversité des vins du village. Le second atelier était une verticale du Bruderthal, Grand Cru à l’honneur ce jour-là, permettant ainsi d’apprécier les différentes expressions de ce terroir exceptionnel.

Pour accompagner nos hôtes du jour, Grégory Oswald, conservateur du musée de Molsheim, passionné par l’histoire de ce village, a partagé ses connaissances avec les auditeurs d’un jour. Il a présenté les premières traces de la vigne et du vin à Molsheim, apportées et laissées par les Romains, à travers des poteries, bien que nous n’ayons aucune archive écrite à ce sujet. Au début du Moyen Âge (817/822), l’évêque Adeloch a offert 6 acres de terres aux protestants de Saint-Thomas, ce qui constitue la première trace écrite du vignoble dans cette ville épiscopale. À cette époque, le vignoble s’étendait sur plus de 300 hectares, principalement avec des cépages blancs. Toutefois, ce sont les jésuites qui sont devenus les plus grands propriétaires viticoles de Molsheim, avec des vignes jusqu’à leurs propres jardins, après le basculement de Strasbourg aux mains des protestants. Plus tard, en 1598, ce sont les chartreux qui ont laissé leur empreinte dans le vignoble de Molsheim avec leur installation. Ils tenaient des annales jour après jour, parcelle par parcelle, et avaient même des bornes taillées avec la lettre « K » pour marquer leurs 160 hectares de vignes. Le Hagenbourg, de l’autre côté de la colline et du grand cru, du point de vue du lieu de dégustation du jour, était désigné à l’époque des Chartreux sur les cartes sous le nom de « Mons Gallus », la montagne du coq. Si l’on se replonge dans cette époque, cela devait correspondre au coq de Bruyère présent dans la forêt voisine des parcelles de vigne.

Au cœur du lieu-dit Schaefferstein (Schaeffer pour le berger et Stein pour la pierre), nos conférenciers d’un jour ont partagé avec passion les vins qu’ils produisent. Le domaine Boehler et le domaine Kaes, voisins de domaine et de parcelle, nous ont offert un magnifique parallèle entre l’assemblage de cépages de 2019 du domaine Boehler (Muscat, Pinot Gris et Gewurztraminer) et le Gewurztraminer de la même année du domaine Kaes, qui reflètent parfaitement leur terroir. Ce sol argilo-marneux, plus sensible à l’érosion, est connu pour être chaud. La puissance, la richesse et la chaleur du terroir se retrouvent dans ces deux vins, que les vignerons ont souhaité représenter fidèlement. L’assemblage, récolté en même temps (une parcelle par cépage qui sont côte à côte), élevé sur lies totales en foudre pendant 18 mois, avec l’acidité d’un cépage équilibrant la sucrosité de l’autre d’un côté, et un Gewurztraminer sec, fermenté rapidement (la densité est tombée en 10 jours), dans le respect des équilibres naturels de l’autre côté, exprime pleinement le travail de la vigne avant celui de la cave. Si vous fermez les yeux et que vous vous imaginez le lieu de production, vous pouvez visualiser la parcelle dans ces vins. 

De son côté, le domaine Neumeyer proposait un Pinot Gris 2021, avec ses notes grillées, son acidité et sa fraîcheur, mettant en lumière la puissance de la marne présente dans le sol de ce lieu-dit. Grâce à son inertie, ce sol conserve la chaleur et est moins sensible aux changements météorologiques quotidiens. Il est recommandé d’accompagner ces vins avec des plats riches pour que leur envergure ne prenne pas le dessus.

Quant au domaine Heitz, il a présenté un Pinot Noir du lieu-dit Hahnenberg voisin. Le domaine Kaes a également sélectionné un vin de ce lieu-dit, un assemblage de Riesling et Gewurztraminer de 2020. Ce terroir, exposé à l’est et constitué d’un sol marno-calcaire, est le plus pentu de Molsheim. Abandonnées pendant plusieurs décennies au profit de l’industrialisation et des parcelles plus faciles à travailler mécaniquement, ces coteaux en friche ont été entièrement replantés entre 1990 et 1993. Tout comme les vins précédents, le terroir influence ces vins, qui se révèlent droits et vifs, avec une légère fraîcheur. D’une année à l’autre, ils montrent une grande constance grâce à ces vignes âgées d’une trentaine d’années qui commencent à s’exprimer pleinement, et on espère qu’elles continueront à le faire pendant au moins 60 ans.

La recette du cake aux orties :

Ingrédients :

  • 3 œufs
  • Sel et poivre
  • 150 g de farine
  • 50 g d’orties
  • 4 g de bicarbonate de soude (ou 1/3 de sachet de levure)
  • 25 cl de lait (de vache ou végétal)
  • 1 cuillère à soupe d’huile d’olive
  • 100 g d’emmental râpé
  • (Possibilité de rajouter du chèvre, de la feta, des herbes…)

Instructions :

  1. Laver soigneusement les feuilles d’ortie et les égoutter.
  2. Dans un saladier, fouetter les œufs avec la farine, le bicarbonate de soude, le sel et le poivre.
  3. Incorporer petit à petit le lait et l’huile d’olive préalablement chauffés.
  4. Ajouter l’emmental râpé et les feuilles d’ortie hachées, puis mélanger le tout.
  5. Verser la préparation dans un moule à cake préalablement beurré ou recouvert de papier sulfurisé.
  6. Mettre au four préchauffé à 180°C (thermostat 6) pendant environ 45 minutes, ou jusqu’à ce que le cake soit bien doré et qu’un couteau inséré au centre en ressorte propre.
  7. Laisser refroidir légèrement avant de démouler et couper en tranches.

Vous pouvez déguster ce cake aux orties en apéritif, en entrée ou en accompagnement d’un plat. N’hésitez pas à ajouter d’autres ingrédients de votre choix, tels que du chèvre, de la feta ou des herbes, pour varier les saveurs. Bon appétit !

Si vous souhaitez vivre des moments tout aussi mémorables, prévoyez vos prochaines visites en consultant le site internet de la Tournée des Terroirs. Ne manquez pas cette occasion de vous immerger dans le monde fascinant du vin, d’explorer de nouveaux horizons gustatifs et de rencontrer des passionnés qui partageront avec vous leur amour pour ce précieux nectar. Réservez dès maintenant et préparez-vous à vivre des moments inoubliables lors de la prochaine édition de la Tournée des Terroirs.