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SEANCE DE DEGUSTATION A LA FOIRE AU VINS DE COLMAR

La collection d’affiches des différentes éditions de cette Foire au Vins

Je ne suis pas un visiteur très assidu de la Foire au Vins de Colmar mais comme cette année j’ai pu trouver une date qui proposait un concert qui m’intéressait et une session de dégustation de vieux vins d’Alsace sous l’égide de la Confrérie Saint Etienne, je me suis laissé tenter.

Hoppla, c’est parti !

Ben Harper et Ben Mazué…deux Ben pour le prix d’un, ça ne se refuse pas !

Après un petit bain de foule dans les différents halls d’exposition de la Foire aux Vins, je me retrouve au calme dans la salle « Pinot Gris » pour une dégustation de vieux millésimes animée par un quatuor de représentants de la Confrérie Saint Etienne : Jean-Paul Goulby, le Trésorier-Receveur, Eric Fargeas, le Délégué Général, Christian Beyer, Grand Conseiller et Pauline Husson, la future Major (en 2024).

La salle « Pinot Gris » de l’espace Colmar Expo, Christian Beyer et Eric Fargeas à l’accueil

La séance commence par une présentation des différents intervenants et par un petit rappel historique au sujet de cette vénérable confrérie vinique dont les origines remontent au moyen-âge et qui est installée au château de Kientzheim depuis 1973.

La cave de ce château abrite une précieuse œnothèque de près de 60 000 bouteilles avec une collection de millésimes de 1950 à nos jours ainsi que la prestigieuse collection Mequillet qui compte 200 flacons vénérables avec des millésimes entre 1834 et 1937.

Les quatre représentants de la Confrérie Saint Etienne qui animent la séance de dégustation du jour.

La dégustation du jour nous propose d’étudier les vins du vignoble de Colmar à travers différents millésimes.

Toujours aussi féru d’histoire, Christian Beyer nous rappelle la place prépondérante occupée par Colmar dans notre vignoble « une place centrale tant sur le plan géographique que politique, historique ou économique ».

Le vignoble de Colmar est principalement implanté sur la Harth, « un terroir alluvionnaire de graves très qualitatif »…et si nous allions vérifier tout ça !

Christian et Eric au service, on commence par un pinot noir

Les vins sont servis et commentés à l’aveugle et nous sommes invités à deviner le cépage et le millésime

  • Pinot Noir 2003 – Domaine Jux à Colmar : robe grenat avec une fine frange orangée, nez ouvert et séduisant, notes de fruits rouges bien mûrs, bouche souple et gourmande, équilibre frais, tanins soyeux, amers délicats en finale et belle persistance sur la cerise mûre et le noyau.

La dégustation commence par un pinot noir du domaine Jux, plein de fruit et d’énergie après 19 années de garde…un vin qui m’a permis de commencer le jeu des devinettes par une bonne réponse en annonçant le millésime car 2003 a été pour moi le millésime qui m’a fait prendre conscience que l’Alsace pouvait produire des pinots noirs d’exception notamment avec la cuvée « Les Quatre Eléments » 2003 de Jean-Pierre Rietsch, une révélation !

Maître Christian qui déguste ce très beau pinot noir.

  • Sylvaner Réserve 1997 – Vignerons réunis de Bennwihr-Westhalten : robe d’un jaune assez soutenu avec des reflets ambrés, nez intense avec des notes de fruits blancs frais, de noisette et de foin, bouche ample avec du gras, structure assez souple, finale courte mais sapide avec des amers délicats.

Les notes d’herbes sèches dans l’aromatique m’ont vite orienté vers un sylvaner mais pour le millésime je me suis largement fourvoyé car jamais je n’aurai pensé que cette cuvée pouvait avoir atteint le quart de siècle…et quand j’ai appris sa provenance (une cave coopérative) mon étonnement a encore été plus grand.

C’est au tour de Pauline Husson de nous guider dans la dégustation

  • Pinot Gris Grand Cru Florimont 1998 – Cave Jean Geiler à Ingersheim : robe or jaune, très lumineuse, nez discret sur le miel de châtaigne et la cire d’abeille, attaque en bouche souple, milieu bien suave avec une texture légèrement granuleuse, acidité assez large qui soutient l’ensemble et apporte du tonus à une finale assez longue marquée par de beaux amers nobles.

C’est également une grande structure qui a réussi à produire ce pinot gris Grand Cru qui porte vaillamment ses 24 ans sans donner de signes annonciateurs d’un déclin. Ce vin dont le cépage a été rapidement identifié s’est laisser siroter avec grand plaisir tout en révélant sa noble origine par un très beau toucher de bouche.

Le premier trio.

  • Riesling 1995 – Domaine de la Ville de Colmar : robe jaune vif avec de reflets argentés, nez frais et bien ouvert avec des notes d’agrumes et de menthe verte sur un fond légèrement terpénique, attaque souple, milieu de bouche assez opulent, acidité fondue mais bien présente en finale.

Avec son expression aromatique épanouie et typée, ce riesling a été reconnu assez facilement mais cette palette encore très marquée par les caractéristiques organoleptiques du cépage nous a bien trompés sur l’âge de cette cuvée.

Ceci dit, on ne sent pas vraiment la marque d’un terroir sur ce vin qui a eu pourtant un peu de temps pour la définir…c’est un vin qui est encore bien vivant mais qui n’a peut-être pas gagné grand-chose en vieillissant.

  • Muscat 1989 – Domaine Karcher à Colmar : robe jaune vif, presque fluo, nez intense et charmeur sur la chlorophylle, le basilic et le cône de houblon, bouche élégante avec une structure longiligne et un équilibre bien frais, finale sapide et très longue avec un magnifique sillage mentholé.

Rien de tel qu’un vieux muscat pour me plonger dans un état de félicité absolue surtout lorsqu’il se tient comme cette petite merveille produite par un domaine que j’ai découvert très récemment et dont le muscat 2021 m’avait fait une très belle impression.

Je vais en encaver très prochainement mais je ne pourrai hélas pas attendre 30 ans avant de le déboucher…et ne me demandez pas pourquoi !!!

  • Gewurztraminer Harth 1989 – Domaine Schoffit à Colmar : robe jaune d’or très lumineuse, nez ouvert et raffiné avec de belles notes de réglisse et de rose fanée, bouche ample et consistante, finale très digeste avec des amers délicats et un long sillage épicé (poivre, safran).

On ne pouvait pas évoquer le vignoble de la Harth sans présenter au moins un vin de Bernard Schoffit, un vigneron qui a milité ardemment pour la reconnaissance de ce terroir comme un Grand Cru.

Avec sa finesse, sa complexité et sa très belle tenue ce gewurztraminer 89 que nous avons eu le privilège de déguster aujourd’hui, nous fait penser qu’il avait probablement raison…la Harth est vraiment un beau terroir !

Le deuxième trio

  • Riesling Dorfburg 1988 – Cave Jean Geiler à Ingersheim : robe jaune d’or avec une belle brillance, nez discret et complexe sur le agrumes et la mangue, bouche ample et sapide appuyée sur une acidité mûre et large, salinité prononcée, finale de belle longueur avec des amers minéraux très délicats.

1988 fut le premier millésime d’une trilogie magique – 88-89-90 – et ce riesling bien posé dans la sérénité de l’âge mûr, exprime encore très précisément la minéralité de son terroir calcaire : on sent une vendange bien mûre mais également un terroir qui marque bien la structure du vin.

  • Riesling 1979 – Domaine Josmeyer à Wintzenheim : robe jaune avec beaucoup d’éclat, nez austère avec des notes terpéniques assez marquées, bouche très droite avec une présence saline bien sensible, finale très « punchy » avec un long sillage sur le citron et le pamplemousse.

1979 a été un beau millésime en Alsace – moins beau pour la Foire aux Vins de Colmar puisque c’était l’année où un grand incendie avait touché les bâtiments du Parc Expo – et ce riesling plein d’énergie après plus de 4 décennies le confirme : c’est un vin droit et minéral qui ne semble pas prêt d’entamer sa phase de déclin.

  • Gewurztraminer Vendange Tardive 1996 – Domaine Schoffit à Colmar : nez jaune d’’or, très brillant, aromatique discrète et complexe sur l’abricot mûr, la gelée de coings et les épices douces, bouche opulente avec un jus consistant, équilibre moelleux mais sans lourdeur, finale riche mais très digeste.

Le dernier vin avec son accompagnement indispensable

La touche finale est apportée par une très jolie cuvée de gewurztraminer V.T., toute en suavité et en élégance : des arômes délicats et un moelleux très bien intégré pour un vin charmeur et gourmand qui se laisse siroter avec plaisir et facilité.

Le dernier trio et la série au grand complet

Le laps de temps restant entre la fin de cette dégustation et le début du concert va me permettre de poursuivre ma visite et de faire une petite halte dégustation au grand stand des vins d’Alsace.

Le stand des Vins d’Alsace d’un côté et de l’autre, un plateau royal avec nos Reines des Vins d’Alsace.

Myriam et Frédéric Schmitt, mes partenaires de dégustation du jour.

Mon passage au stand des Vins d’Alsace en compagnie de Myriam et Frédéric Schmitt (domaine François Schmitt à Orschwihr) m’a permis de déguster quelques vins choisis dans un liste assez conséquente de bouteilles…sans pour autant trouver de quoi s’enthousiasmer.

La dégustation organisée sous l’égide de la Confrérie Saint Etienne a tenu toutes ses promesses –j’ai envie de dire « comme toujours »…– avec une série de 9 vins âgés de 19 à 43 ans encore bien vaillants, une série qui a montré une fois encore l’extraordinaire capacité de vieillissement des vins d’Alsace.

Il faudra bien qu’un jour tous les amateurs de vin de France et d’ailleurs en prennent vraiment conscience.

Qu’ils soient issus de grands terroirs ou d’origine un peu plus modeste tous ces vins était encore très agréables à boire et paraissaient souvent bien plus jeunes qu’ils ne l’étaient en réalité.

A titre personnel, j’ai été particulièrement séduit par les deux vins de 1989 : le gewurztraminer du domaine Schoffit, patiné par le temps et remarquable d’élégance et de complexité et le muscat du domaine Karcher, d’une finesse vraiment exceptionnelle.

Pour le reste, ma dégustation au stand des Vins d’Alsace ne me laissera pas un souvenir impérissable : l’offre vinique était constituée principalement de cuvées produites par des caves coopératives ou par de grandes unités de négoce…mais où sont passés les vignerons indépendants ?

En relisant mes notes, je me suis rendu compte que j’ai pu goûter des vins bien plus intéressants lors de mes visites précédentes (2009, 2011 ou 2013)…dommage !

Article de Pierre Radmacher, vous pouvez le suivre sur son site Vins, Vignobles et Vignerons

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