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La tonnellerie alsacienne est un métier traditionnel et artisanal qui a une longue histoire de plusieurs siècles. C’est un savoir faire qui nécessite une grande habileté manuelle, une bonne condition physique, une connaissance approfondie des bois et des techniques de construction. Les derniers tonneliers alsaciens sont réputés pour la qualité de leurs fûts, fabriqués à partir de chêne rouvre ou pédonculé issu majoritairement des forêts vosgiennes, mais l’essentiel de leur activité consiste à réparer, démonter/remonter et entretenir des fûts existants pour la production de vin, de bière, de whisky et d’autres spiritueux.

Cependant, la tonnellerie en Alsace est devenue un métier de plus en plus spécialisé qui a subi des changements importants au fil des ans, en raison de l’évolution des technologies et des pratiques. En effet, depuis un peu plus de 30 ans, il y a eu une baisse de la demande pour les fûts en bois dans la production de vin en Alsace, cela s’explique par le fait que de plus en plus de vignerons ont opté pour des méthodes de fermentation et d’élevage alternatives telles que les fûts en inox qui sont plus faciles à nettoyer et à entretenir. 

Toute fois, en Alsace, certains vignerons et producteurs de spiritueux continuent à utiliser des fûts ou des barriques en bois pour leurs production. C’est sur ce marché très ténu que subsiste les deux derniers tonneliers dʼAlsace :

  • La Tonnellerie Maubert Jenny à Barr, qui se concentre sur la fabrication de fûts de grande taille, la réparation et la rénovation des fûts existants.
  • Lionel Berger, tonnelier à Beblenheim, qui se spécialise dans la production de fûts de petite taille, mais également la réparation et la rénovation des fûts existants.

C’est avec ce dernier que nous avons décidé de mettre un focus sur ce métier au combien artisanal et en voie de disparition.

Un rêve d’enfant 

Lionel est un passionné de tonnellerie, elle lui est venue au fur et à mesure « il faut être passionné par ce métier, passionné par le bois, passionné par le vin et la viticulture en général » et venant d’une famille vigneronne ce métier s’est imposé naturellement. Sa première rencontre avec la tonnellerie est presque un accident, en effet, en accompagnant son père pour l’achat d’une machine à vendanger à Cognac « et dans le cadre de la visite de l’atelier nous avons également visité une tonnellerie (Tonnellerie Seguin Moreau) et là ce fut une révélation, quand je serais grand je ferais ça »… Lionel avait 8 ans !

Sa voie était toute tracée à partir de là, tout d’abord un CAP Vignes et Vins à Rouffach, puis il décide de se former au plus près (en Bourgogne) au lycée viticole de Beaune où il suivra un CAP Tonnellerie et sortira major de sa promotion en 2006. Au fur et à mesure de son évolution, Lionel a dût acquérir des connaissances en oenologie, apprendre les essences de bois et les sélectionnés en forêt avec l’ONF. Dans un premier temps Lionel a d’abord  travaillé dans l’entreprise Seguin Moreau (un juste retour des choses), avant de finalement revenir en 2010 sur le domaine familial.

Contrairement aux grande régions viticoles où la tonnellerie est encore très présente et semi-industrialisée, en Alsace le tonnelier doit tout faire, du commercial au produit final, un inconvénient qui est également un avantage puisque le tonnelier connait son client et peut ainsi le conseiller au mieux.

Lionel ne fait pas de grand foudre et se limite aux tonnelets de 1litre jusqu’aux fûts de 500 litres. Pour un tonneau de 228 litres il faut à Lionel entre 10 à 12 heures de travail 100% manuel. Pour se facilité le travail, Lionel a chiné auprès d’anciens tonneliers alsaciens des machines (raboteuse, toupie à bois, etc…).

La fabrication d’un fût de qualité nécessite un processus minutieux et complexe qui comprend plusieurs étapes :

  • La sélection des bois : Lionel doit choisir les meilleurs morceaux de bois pour garantir la qualité et la durabilité des fûts.
  • Le sciage et le débitage : les morceaux de bois sont sciés et débités en planches pour être utilisés.
  • Le montage : les planches sont ensuite assemblées à la main pour créer le fût.
  • La chauffe : consiste à assouplir le bois pour le rendre plus malléable, apporter l’arôme, les tanins et cela permet également de stériliser le fût. Il existe plusieurs techniques de chauffe, les plus répandus sont les chauffes à la vapeur, à la flamme et à l’eau chaude.
  • Le cerclage : consiste à entourer le fût avec une bande de métal pour renforcer sa structure et éviter toute déformation ou rupture.

Vous l’aurez compris pour Lionel la tonnellerie n’est pas un métier comme les autres, c’est avant tout une passion qu’il fait découvrir et partage régulièrement avec les visiteurs de l’écomusée d’Alsace à Ungersheim. Alors n’hésitez plus, rendez visite à Lionel et qui sait tombez amoureux d’un métier au combien attachant.