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« L’amour fait monter en moi des sèves et des certitudes si radieuses et si puissantes qu’elles ne finiront jamais » Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Le Salut, 1959

Le 2 février est un jour pas comme les autres, un jour-clé du calendrier populaire investi d’un très fort pouvoir symbolique. Il clôt la période hivernale et marque la fin des veillées et le début de Carnaval. Traditionnellement, le 2 février est mis en relation avec la fécondité qui vient d’en bas, de sous la terre. 

Les vignerons alsaciens faisaient partir le cycle de la vigne, ce jour-là, en démarrant la taille de la vigne. Ils obligeaient ainsi la sève à remonter et à se revivifier pour mieux faire fructifier la vigne. Les opérations de taille dont l’homme s’érigeait alors en unique détenteur étaient clairement assimilées à la puissance fécondante.

Le 2 février correspond pour les Chrétiens à la Chandeleur, un événement liturgique de purification. Fêtée 40 jours après la naissance du Christ, la Chandeleur célèbre les relevailles de la Vierge, ou le retour des règles qui amorce une nouvelle période de fécondité, la femme reprenant son cycle normal.

Cette pratique chrétienne a pris le relais des anciennes lupercales romaines et de la fête celtique de l’imbolc. Le 2 février était également, à Rome, le jour où les morts étaient censés errer sous forme de flammes. La circulation de l’âme des morts, est toujours évoquée en Allemagne et en Alsace par la Sankt-Blasen, le patron du souffle.

Le 2 février, marquait également la fin des veillées et de la période du filage pour les femmes. Ces dernières accompagnaient alors les hommes dans les opérations de taille, ramassant les sarments et les liant pour en faire des fagots. Puis, les femmes passaient aux opérations de liage de la vigne. Un rôle essentiel, qu’elles assumaient seules permettant ainsi à la vigne de porter les futurs fruits.

Le 2 février était donc considéré par les anciens vignerons et vigneronnes comme un jour charnière à la fois dans le temps (passage de l’hiver au printemps) et dans l’espace (circulation de la sève qui en remontant va être à l’origine de la régénération de la nature) et le fondement de la fécondité future.

Les vigneronnes et vignerons d’aujourd’hui qui souhaitent produire des vins de terroir s’inspirent des anciens pour améliorer les techniques de taille respectueuses du cep de vigne et en particulier de ses flux de sève.

La taille qui s’effectue durant la période de la dormance de la vigne (généralement de décembre à mars) est à la fois un poste important de dépense mais également fondamentale pour le bon équilibre de la vigne. Chaque cep à tailler est un cas unique : son flux de sève, sa morphologie, son rendement naturel et souhaité et la meilleure manière d’allonger sa durée de vie doivent être pris en compte dans leur individualité.

Les nouvelles techniques de taille et notamment la taille Guyot Poussard appliquée aujourd’hui dans de nombreux domaines en Alsace permet à la fois de réduire fortement les maladies du bois de la vigne mais également de produire des vins marqués par leur terroir. Parce que la sève est le « sang de la plante », elle communique au cep les informations venues des profondeurs de la terre à travers ses racines. La sève permet la vigne de croître, de se développer, et de donner aux vignerons des fruits marqués par le terroir.

Article de Caroline Claude-Bronner, vous pouvez la suivre sur son blog Chemins Bio en Alsace

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