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Hier avait lieu au sein de la salle Riesling du parc des expositions de Colmar la première dégustation de la confrérie Saint Étienne à la foire aux vins. 

Pour cette édition 2018, pourquoi ne pas partir à la découverte des années en 8 à travers 9 vins. 

La plupart de nos lecteurs connaissent la Confrérie Saint Etienne, cependant pour une partie des dégustateurs du jour ce n’est pas le cas. Une présentation par le major 2018 et 2017 s’imposait donc pour savoir où nous allions mettre les pieds. Après la présentation de la Confrérie, il faut celle du thème: les années en 8, récurrences de bonnes années ? En tout cas c’est ce qui ressort des millésimes 2008 et 1998, sans oublier dans le liste le 1988. Christian Beyer, sans vouloir trop s’avancer, estime que 2018, si les conditions continuent aussi favorablement sera une bonne année, mais le millésime n’est pas encore en bouteille. 

Après cette présentation avait lieu le traditionnel tour de table pour connaître l’origine de chacun. Nous étions une trentaine, dont la majorité était originaire de la région où alentours. 

Nous pourrions dire que l’année 1998  était un millésime plus classique comparer à ceux du début des années 2000 qui sont marqués par l’arrivée du réchauffement climatique. En effet, les vendanges se font avec un mois d’avance par rapport aux dates des années 50. Cette année a présenté un beau printemps suivis d’un mois de septembre humide avec des pluies chaudes qui ont stressées la vigne. Cette météo a également permis le développement de pourritures nobles (botrytis) d’une manière générale grâce à un anticyclone à cette période. Cela a donc favorisé les vins avec une sur maturation type vendanges tardives ou sélection de grains nobles. 

Le premier vin dégusté est un Auxerois 1998 de la maison Barmes Buecher. Les confrères nous ont fait partager leur émotion d’ouvrir une bouteille de ce domaine suite au départ prématuré de Mr Buecher qui s’est beaucoup investit dans la Confrérie entre autres. 

Ce vin sans indication spécifique sur son origine de terroir, est cependant localisé sur des parcelles au niveau du Herenweg (zone aluvionnaire de la Fecht) d’après les connaissances des nos hôtes. 

La robe est très marquée par le millésime, avec des tons jaune or, vif avec de beaux reflets. Le nez nous emmène sur des notes de fruits confits, d’abricots surmuris. Il est très expressif et ouvert. L’attaque en bouche est souple et se termine de façon fine et droite. 

C’est un vin, malgré un millésime chaud qui a une grande fraîcheur, avec un côté minéral, salin et qui ne donne pas d’impression de sucrosité, au contraire une légèreté persistante. Ce vin n’est pas issu d’un grand cru mais montre cependant un beau potentiel de garde qui n’est pas terminé.  

Même année mais cette fois-ci une Riesling Schoenenbourg de la maison Hueber, qui nous emmène sur des coteaux abruptes avec un sol marno-calcaire qui présente la spécificité d’être composé de gypse. Le gypse renforce l’acidité des vins qui se révèle au bout de 10 ou 15 ans seulement. 

La robe possède une belle couleur avec beaucoup de brillance. Le premier nez nous emmène sur des notes d’agrumes et de citrons confits. 

En bouche le terroir est très présent avec son acidité caractéristique. On retrouve aussi des arômes de fruit de la passion, de mangue et une sucrosité qui s’est fondue avec le temps laissant place en finale une légère amertume. 

Petit bond de 10 ans en arrière avec un Riesling Kliepfel 1988. En 10ans il y a eu énormément d’évolution en terme de techniques mais aussi de législation. Pour donner quelques exemples: 1988 est une période à laquelle les volumes étaient très importants comparés à 1998, les pressoirs mécaniques étaient utilisés (contre des pressoirs pneumatiques actuellement) il fallait donc charger 500 à 700 kg de raisins par pressoir. 

Ce vin est uniquement sur la notion du cépage avec des notes d’agrumes, de citron. C’est un vin plus discret qui ne présente pas la complexité que peut avoir un vin dit de terroir (grand cru). Avec ces notes boisées qui lui apportent une belle richesse, il présente aussi un côté sec et tannique avec une amertume en fin de bouche. 

Ce vin est à consommer maintenant, étant donné qu’il est à son apogée de concentration. 

Les viticulteurs ne le savaient pas encore mais 1988 s’inscrit dans une trilogie avec les millésimes de 1989 et 90.

Petit tour par la cave de Sigolsheim avec son Tokay Pinot Gris 1988 qui fut l’occasion de faire une petite parenthèse sur l’évolution du nom de Tokay à Pinot Gris. 

Ce vin nécessite une aération préalable afin de faire ressortir tout les arômes, il est conseillé pour des vins comme celui-ci de le servir en carafe afin de profiter de tout les arômes. 

L’aération de ce vin fait ressortir des notes de fruits exotiques, il est très minéral et possède une amertume puissante. On peut dire que cette cuvée est cohérente pour un vin d’entrée de gamme. 

Le cinquième vin présenté est un Riesling 1978, encore une fois, ce n’est pas le cépage emblématique de l’Alsace pour rien, de la maison Gisselbrecht. On note pour ce vin une belle évolution sur l’or pour la robe. Il présente des notes oxydatives, ce qui ne fait plus ressortir des arômes d’agrumes mais plutôt de mangue bien mûre, de noix mais aussi de miel qui sont caractéristiques de l’évolution. 

Malgré que 1978 ne soit pas considéré comme un grand millésime, avec des matins très frais durant l’été (Éric Fargeas se souvient encore de la fraîcheur qu’il ressentait en allant au travail en solex, c’est aussi cela la mémoire du vignoble). Le nez se retrouve en bouche avec des fruits un peu blettes. 

Ce vin sans marqueur de terroir est certainement issu d’un assemblage de parcelles. On peut dire qu’il est sur le retour avec une apogée passée. 

Le 6ème vin, du domaine Paul Buecher est certainement la plus grosse surprise de cette dégustation. Avec une robe jaune, aux des reflets verts, ne fait pas ses 40ans. 

Si l’on vous dit, un nez avec de la menthe, de la réglisse et de la mélisse, vous diriez certainement Muscat. Que nenni, nous sommes sur un Gewurztraminer. Une fois en bouche, il n’y a plus de doute sur le cépage avec des arômes d’épices, de poivre. 

Une belle acidité lui a permis de garder sa jeunesse. La dégustation de ce vin nous laisse à croire qu’il s’agissait lors de la vinification d’un Gewurztraminer sec avec certainement dune maturité incomplète. Il faut savoir que 1978 étant froid, il était plus tardif avec une maîtrise technique plus difficile. 

Si le doute était présent au nez pour le vin précédent, cette fois pas de doute pour ce Muscat de la cave de Bennwihr 1978. Avec une belle couleur qui le fait paraître jeune, il a cependant les marqueurs mentholés du cépage. Il comporte un nez que l’on pourrait qualifier de piquant, terreux, poussiéreux. Le fuit arrive à la fin avec de l’herbe sèche. C’est un vin qui n’est pas très opulent, qui est vert en bouche. Il possède une attaque franche avec de l’acidité mais cependant avec peu de longueur en bouche et un manque d’ampleur.

Fin de la dégustation avec deux vins de 50ans d’âge. Le premier, un Tokay de la maison Pierre Sparr dit Grande Réserve ce qui laisse penser à un  future Grand Cru. Nos confrères nous indiquent qu’il s’agit certainement d’un vin issu de l’actuelle Grand Cru Mambourg qui possède un sol de marne profond avec une exposition plein sud, et très certainement de vignes plantées dans les années 20 sur des portes greffes avec de plus petits rendements. 1968 comparé à 1967 n’est pas un grand millésime malgré de très bons vins.   

Aucune trace d’évolution n’est visible sur la robe. Ce vin a une belle profondeur aromatique, il s’ouvre doucement. Des notes de fumée et de grillée ressortent avec également de l’abricot confit. Ce Tokay très élégant a une belle attaque en  bouche avec de la fraîcheur, une acidité légère voir ronde. 

Ce vin à 15 à 20ans de garde devant lui avec sa richesse et sa finesse. 

Pour finir, un Gewurztraminer de la maison Kuehn nous était proposé, certainement issu du Kaefferkopf. Ce vin est riche et puissant, avec des arômes de litchi, de fruits exotiques mais aussi d’agrumes et du pamplemousse en fin de nez, il n’y a aucun doute sur le cépage. Le nez est confirmé en bouche avec une signature calcaire et un côté salin et frais, ce vin ne fait pas son âge. 

Même si le terroir est un marqueur important des vins, cette dégustation nous a également permis de voir que la touche du viticulteur est également très influente dans la concentration des vins. Cette dégustation confirme déjà ce que l’on sait sur la très bonne conservation des Vins d’Alsace dans le temps.

Même si chaque année en 8 n’a pas été une année exceptionnelle, la majorité s’en sort.

La Foire Aux Vins de Colmar