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Dans la continuité de la pose des diffuseurs de la confusion sexuelle, le syndicat viticole de Ribeauvillé poursuit son action environnementale par la pose de nichoirs sur l’ensemble de son ban afin d’apporter de la biodiversité dans un espace uniformisé par la monoculture.

Cette opération est orchestrée par Frédéric Schwaerzler, conseiller viticole à la Chambre d’Agriculture, financée par le syndicat viticole aux 2/3 et par la communauté de communes de Ribeauvillé à 1/3 et bénéficie de l’expertise de deux passionnés d’oiseaux, Joël Brunn et Charles Metz, membres de l’association Sentinelle Nature Alsace (SNA).

Une vingtaine de personnes se sont données rendez-vous à Ribeauvillé pour la pose de 30 nichoirs, répartis sur l’ensemble du ban de la commune.

Au préalable les membres de SNA, du syndicat viticole, accompagnés de Frédéric Schwaerzler, avaient fait des repérages pour définir les endroits propices au placement de ces nichoirs et les répertorier sur une carte pour assurer un suivi, les nettoyer et permettre l’observation de l’avifaune (elle comprend les espèces sédentaires et saisonnières) de la région de Ribeauvillé.

L’objectif de cette action est de remédier à « la crise du logement » des oiseaux dans le vignoble, qui manque d’abris naturels, en leur redonnant une forme d’habitat et ainsi protéger et pérenniser l’avifaune. Francis Fischer, président du syndicat viticole, tenait à mutualiser la pose des nichoirs pour sensibiliser les participants au problème de la biodiversité dans les vignes, pour partager et recevoir des explications.

Les nichoirs sont fabriqués par SNA, ils sont en bois de pin, plus résistant aux intempéries. Trois sortes de nichoirs ont été installées, des nichoirs balcons pour accueillir des espèces non cavernicoles et des nichoirs pour les espèces cavernicoles avec des entrées d’un diamètre de 28 ou 32 mm.

Joël Brunn a expliqué que le mois de novembre est le moment optimal à la pose des nichoirs, il y aura plus de chance d’y avoir des nidifications dès le printemps car certains oiseaux sédentaires repèrent, visitent les nichoirs pour se les approprier, les occuper et attirer une femelle. Mais les viticulteurs n’étaient pas trop disponibles à cette période, surtout cette année avec les vendanges qui ont trainées en longueur.

Il a également précisé qu’il faut les nettoyer en septembre ou en octobre, quand les petits ont pris leur envol. Il peut y avoir deux nichées dans une saison à condition de nettoyer le nichoir après le départ de la première. Le nettoyage est important car un oiseau revient rarement nicher sur l’ancien nid, qui risque d’être infesté par la vermine suite à la mort d’un ou plusieurs petits écrasés par les autres, ce qui attire les mouches, les vers et la vermine.

Un nichoir ne se pose pas n’importe où et n’importe comment, les participants en ont fait l’expérience et ont découvert que ça pouvait être sportif.

Pour avoir une forte occupation des nichoirs (jamais 100% des nichoirs ne sont occupés), il faut les installer dans des endroits fréquentés par de nombreux oiseaux, présentant peu de cavités naturelles. Les orienter Sud ou Sud-Est, jamais Ouest du coté des vents dominants, ceux orientés Nord resteront toujours vides. Ils peuvent pencher vers l’avant mais jamais vers l’arrière avec l’ouverture vers le haut car la pluie risque de mouiller le nid. Ils seront positionnés sur des arbres, dans des bosquets, mais il faudra tenir compte de la végétation au printemps et en été qui risque d’obstruer l’entrée, ou sur des poteaux, voire même sur la façade de cabanes dans les vignes.

Mais toujours à plus de 2m de hauteur pour éviter que des prédateurs, tel que des rongeurs, ne visitent le nid. D’ailleurs tous les nichoirs ont été marqués, numérotés et répertoriés pour éviter les vols et permettre une observation des espèces qui les occuperont.

Charles Metz a observé que les mésanges utilisaient ces abris, peu répandus dans la nature, comme des dortoirs en hiver, elles entrent à plusieurs pour se tenir chaud.

Ces abris seront certainement occupés par des mésanges bleues ou charbonnières, des gobemouches et des rouges queues. Ces oiseaux nichent dans des cavités naturelles comme celles creusées par les pics verts ou pics noirs. Les poseurs ont trouvé de ces trous dans les troncs. Joël Brunn en a profité pour donner une leçon : le pic vert ou noir, repère les insectes et les larves dans les arbres avec les pattes, il les localise par les vibrations occasionnées par leurs déplacements. Des os spongieux amortissent les chocs provoqués par son bec quand il creuse une galerie pour atteindre sa nourriture, qu’il attrape grâce à une langue en forme de tube et terminée par des harpons gluants. Il nidifie dans les troncs, sur les copeaux et la sciure produits lors du perçage de celui-ci avec son bec, il n’apporte rien de l’extérieur et ne s’attaque jamais aux conifères dont la sève risque de coller à son plumage. Il ne nidifiera pas plus de deux fois dans le même trou, ce qui permet à d’autres espèces de s’y installer.

Cette pose de nichoirs est une première action collective en Alsace. Les repérages des emplacements ont engendré une prise de conscience du manque d’arbres dans le vignoble, ce qui aboutira peut-être à leur retour aux abords des vignes ; certains viticulteurs ont déjà engagé des plantations d’arbres fruitiers dans leurs parcelles.

Tous les oiseaux protégés par cette opération ont un rôle évident dans le biotope, ce sont des insectivores et peuvent être considérés comme une lutte naturelle contre les insectes. Par exemple une mésange, pour nourrir ses petits, revient au nichoir toutes les minutes et demi, du lever du soleil jusqu’au soir, avec une larve ou un insecte. Imaginez le volume que ça peut représenter.

C’est nichoirs sont également un outil pédagogique, pour l’observation de l’avifaune par les écoles par exemple, et il a été suggéré que le conseil municipal des jeunes, section environnement, s’occupe de leur nettoyage.

Espérons que d’autres actions de la sorte se fassent sur l’ensemble du vignoble alsacien.

Sentinelle Nature Alsace