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Un vigneron fidèle au collectif

Au pied du Grand Cru Mambourg, à Sigolsheim, les vendanges se déroulent sous un soleil radieux. Dans les rangs, Daniel Zehrfuss récolte ses derniers raisins de Gewurztraminer. Vigneron indépendant, il exploite treize hectares de vignes entre Sigolsheim et Colmar et confie sa récolte à la Cave de Beblenheim depuis 2007.
“Après la liquidation de la maison à qui nous vendions nos raisins, la cave nous a tendu la main. J’ai trouvé normal de poursuivre avec elle : c’est grâce à elle que nous avons pu nous relever“, explique-t-il. Pour Daniel, les vendanges sont un moment à la fois stressant et convivial, où l’on retrouve chaque année une équipe soudée, capable de trier avec rigueur et de partager la chaleur humaine qui fait l’esprit de la saison.

Le Mambourg, terroir d’exception

Le Mambourg est un terroir emblématique et exigeant, mais généreux. Exposé plein sud, avec ses sols d’argilo-calcaire et de marnes, il confère aux raisins une puissance et une richesse aromatique remarquables. “En année sèche, il résiste mieux à la chaleur ; en année humide, il demande plus de vigilance“, souligne Daniel.
Le millésime 2025 reflète bien cette complexité. Après un été marqué par les pluies d’août, les vignes ont réagi différemment selon les sols. Mais le vigneron reste confiant : “Les raisins sont d’une qualité exceptionnelle, propres et généreux, avec une quantité correcte. Je suis très satisfait“. 

Une cave indépendante et réactive

À quelques kilomètres de là, dans les bâtiments de la cave, l’effervescence se poursuit. Pour Philippe Wiederhirn, directeur général, “les vendanges sont un moment crucial dans la vie de l’entreprise : tout part de là“.
Fondée en 1952 par une dizaine de vignerons, la Cave de Beblenheim regroupe aujourd’hui environ 150 adhérents actifs et exploite 530 hectares de vignes. Chaque année, elle commercialise près de 5,5 millions de bouteilles, dont 40 % à l’export vers la Suisse, les Pays-Bas, les États-Unis ou encore le Canada.
“Nous sommes une cave historique et indépendante, d’une taille hybride qui nous permet d’être réactifs et souples. En deux ou trois jours, nous pouvons répondre à de grosses commandes, une force que n’ont pas toujours les grands groupes“, insiste Philippe.

Des projets tournés vers l’avenir

L’innovation fait partie de l’ADN de la coopérative. En 2026, un nouveau vendangeoir verra le jour : plus économe en énergie et en eau, mais aussi plus ergonomique pour améliorer le confort des équipes. Ce projet représente un investissement majeur pour la cave, qui veut allier performance et respect de l’environnement.
À côté de cela, la cave développe de nouvelles cuvées pour répondre aux attentes du marché : un vin désalcoolisé, des gammes adaptées à l’Asie, ou encore des expérimentations autour du chardonnay.

Hélène Georges, entre tradition et modernité

Dans la cave, c’est Hélène Georges, œnologue et ingénieure agronome, qui veille sur la transformation des raisins. Pour elle, les vendanges sont “un moment hors du temps, où tous les sens sont mobilisés“. Dès l’arrivée des grappes, elle observe leur état, goûte les premiers jus et pressent déjà leur avenir.
Son rôle consiste à guider les fermentations, assembler, intervenir avec justesse pour laisser le terroir s’exprimer. Elle incarne ce lien entre tradition et modernité, en intégrant de nouveaux outils comme la gestion numérique des températures ou des pompes plus ergonomiques.
Le millésime 2025 l’inspire : “Les Crémants seront équilibrés et fruités, les Pinots Noirs colorés et expressifs. Même si certains cépages ont été plus délicats, nous aurons de beaux vins“. 

L’esprit Beblenheim

Chacun définit la cave avec ses propres mots. Pour Daniel Zehrfuss : qualité, humain, fidélité. Pour Philippe Wiederhirn : indépendance et responsabilité. Pour Hélène Georges : passion, terroir et responsabilité.
Ces mots traduisent la réalité d’une cave qui, depuis plus de soixante-dix ans, avance grâce à la force du collectif, à son ancrage territorial et à une volonté constante d’innover.

À la Cave de Beblenheim, les vendanges ne sont pas seulement une récolte : elles sont la démonstration vivante qu’en Alsace, la tradition et l’innovation peuvent marcher ensemble, et que la solidarité entre vignerons demeure la clé de l’avenir.