
Sur fond de festivités traditionnelles, la 76e Foire aux Vins de Colmar a offert à ses visiteurs un moment de grâce et de réflexion, mêlant solennité, émotion et vision d’avenir. Deux temps forts se sont naturellement entremêlés au cœur de la cérémonie d’ouverture : la passation du trio royal des vins d’Alsace et l’intervention inspirée de Serge Fleischer, président du Comité Interprofessionnel des Vins d’Alsace (CIVA). Ensemble, ils ont dessiné les contours d’un vignoble qui se réinvente, porté par l’engagement de ses producteurs et l’enthousiasme de ses ambassadrices.
Couronnement et transmission : l’âme du vignoble incarnée
C’est dans une ambiance chargée d’émotions que Monika Angulo, Reine des Vins 2024-2025, accompagnée de ses dauphines Margot Roux et Romane Klufts, a tiré sa révérence. Le trio sortant, auréolé d’une année de représentations aux quatre coins de l’Alsace (et bien au-delà, jusqu’en Suisse et à Paris) a laissé place à un nouveau chapitre. “68 événements, 68 histoires, 68 visages“, a rappelé Monika, soulignant combien cette mission allait au-delà d’un simple rôle protocolaire : elle fut une aventure humaine, ancrée dans le terroir et ouverte au monde.
C’est dans cet esprit de transmission vivante que Lilou Henriquel, nouvelle Reine des Vins 2025-2026, a pris la parole avec un mélange d’humilité et de détermination. À ses côtés, Emma Schlemmer et Claire Schneider, ses dauphines, composent un trio complémentaire, entre rigueur scientifique, énergie communicative et douceur réfléchie. “L’Alsace n’est pas seulement une région, c’est une terre d’âmes et de caractères“, a déclaré Lilou dans un discours vibrant, rendant hommage à ses prédécesseures et affirmant une vision moderne, inclusive et audacieuse du rôle d’ambassadrice.

Une mission symbolique face aux défis d’une filière en mutation
Au même moment, dans un parfait écho à cette transmission de valeurs, Serge Fleischer, président du CIVA, est monté à la tribune pour livrer un constat sans détour : “Vous ne buvez plus assez de vin“. Avec lucidité et gravité, il a dressé le portrait d’une filière viticole en pleine tourmente : une consommation mondiale en chute libre (baisse de 15 % en 10 ans), une place du vin qui se dilue dans les foyers, une perte de 22 000 bouteilles par jour en Alsace sur les trois dernières années. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Mais dans cette apparente crise se cache aussi un puissant moteur de transformation. Comme l’a souligné Serge Fleischer, les vignerons alsaciens n’ont pas attendu pour agir : restructuration des exploitations, engagement agroécologique, innovations techniques. Mieux encore, ils réinventent leur image, leur discours, leurs canaux. Et qui mieux que les reines des vins d’Alsace pour incarner cette ambition nouvelle ?
Car c’est précisément là que les deux interventions se répondent. Le trio royal n’est pas seulement un symbole : il devient vecteur de transmission, outil de pédagogie, moteur de désirabilité pour une nouvelle génération de consommateurs. Dans les mots de Monika ou Lilou, dans la passion d’Emma pour la viticulture ou l’enthousiasme de Claire, c’est toute une filière qui cherche à renouer le lien affectif avec le grand public, en particulier les jeunes générations.
Des projets concrets pour un avenir solide
Et pour accompagner cette ambition, Serge Fleischer n’est pas venu les mains vides. Il a présenté plusieurs projets structurants, à commencer par la construction d’un nouveau siège pour le CIVA à Colmar, écoresponsable et emblématique. Mais aussi la présence de l’Alsace à l’Exposition Universelle d’Osaka 2025, une vitrine exceptionnelle pour montrer au monde l’excellence viticole régionale. Enfin, le grand projet de la “Cité des Vins d’Alsace“, situé à Kientzheim, a été confirmé : un écrin de 28 millions d’euros dédié à la culture, à la transmission et à l’innovation œnologique.
Dans ces chantiers ambitieux, on retrouve une conviction partagée : le vin d’Alsace n’est pas un produit figé dans la tradition, c’est un langage vivant, qui doit se réinventer sans renier ses racines. Un enjeu parfaitement résumé par Lilou Henrickel : “Être Reine des Vins, ce n’est pas simplement porter une couronne. C’est représenter une culture, un héritage et une fierté“.

Une convergence porteuse d’espoir
La convergence entre le message du président du CIVA et l’énergie du nouveau trio royal est évidente : à une filière qui doute, ces jeunes femmes répondent par l’enthousiasme. À une consommation qui s’effrite, elles opposent la chaleur humaine, la convivialité, le goût du partage.
“L’Alsace a la plus belle route des vins de France, et sûrement du monde“, a lancé Serge Fleischer en conclusion. Et cette route, désormais, sera parcourue main dans la main par des professionnels engagés et des ambassadrices passionnées.
Une nouvelle édition qui s’annonce engagée et inspirante
Avec cette synergie entre tradition et modernité, passion et stratégie, la Foire aux Vins de Colmar démontre une nouvelle fois sa capacité à fédérer, à innover et à transmettre. La cérémonie d’ouverture a offert une photographie saisissante de la réalité viticole actuelle : entre lucidité sur les défis et espoir porté par une génération mobilisée.
Pour Lilou, Emma et Claire, le millésime 2025-2026 s’annonce déjà grand. Pour les vignerons alsaciens, la route est exigeante mais prometteuse. Et pour tous ceux qui aiment l’Alsace et ses vins, la foire sera, cette année encore, le lieu de toutes les rencontres, de tous les dialogues, et de tous les partages.
